4 novembre 1958

(A propos de l’Agenda du 9 août 1958 sur les dieux des Pouranas)

Les dieux des Pouranas sont des dieux impitoyables, qui n’ont de respect que pour la puissance et qui n’ont rien de ce que le Divin a mis dans la conscience humaine, d’amour vrai, de charité, de bonté profonde – qui compense psychiquement tous les défauts extérieurs. Eux, ils n’ont pas cela, ils n’ont pas de psychique. Les dieux pouraniques n’ont pas de psychique. Alors ils agissent selon leur puissance. Ils n’ont de frein que quand leur puissance n’est pas toute-puissante, c’est tout.

Mais que représente Anousouya[1]?

C’est le portrait de la femme idéale selon la conception hindoue: celle qui adore son mari comme un dieu, c’est-à-dire qu’elle voit le Suprême dans son mari. Et alors, cette femme était beaucoup plus puissante que tous les dieux des Pouranas, parce qu’elle avait justement cette capacité psychique du don total de soi; et sa foi en la présence du Suprême dans son mari lui donnait une puissance beaucoup plus grande que celle de tous les dieux.

L’histoire racontée au cinéma était ainsi: Narada, selon son habitude, s’amusait (Narada est un demi dieu qui a une position divine, c’est-à-dire qu’il peut à son gré communiquer avec l’homme et communiquer avec les dieux, et il sert d’intermédiaire, mais alors il aime s’amuser!) Et il s’était disputé avec l’une des déesses, je ne me souviens plus laquelle, et il lui a dit... (ah! oui, la dispute était avec Saraswati). Saraswati lui disait que la connaissance est beaucoup plus grande que l’amour (beaucoup plus grande dans le sens qu’elle est beaucoup plus puissante que l’amour), et il lui a répondu: «Vous ne savez pas de quoi vous parlez! (Mère rit) L’amour est beaucoup plus puissant que la connaissance.» Alors elle l’a défié, elle lui a dit: «Eh bien, prouvez-le moi.» – «Je vais vous le prouver.» Et toute l’histoire commence là. Il s’est mis à faire tout un imbroglio sur la terre pour prouver ce qu’il voulait.

C’est une histoire de cinéma, mais enfin les déesses ont essayé, les trois femmes des Trimourthi, c’est-à-dire la femme de Brahma, la femme de Vichnou et la femme de Shiva se sont liguées (!) et elles ont essayé toutes sortes de choses pour contredire Narada. Je ne me souviens plus des détails de l’histoire... Oui, l’histoire commence comme cela: l’une des trois, je crois que c’était la femme de Shiva (c’était la pire, d’ailleurs!) faisait son poudja. Shiva était en méditation et elle s’est mise à faire son poudja devant Shiva, et elle faisait le poudja avec des lumières, et la lumière est tombée sur son pied et a brûlé son pied. Elle a crié, parce que cela a brûlé son pied. Alors Shiva sort de sa méditation tout d’un coup et lui dit: «Devi, qu’est-ce qu’il y a?» frires) Elle répond: «Je me suis brûlé le pied.» Et Narad de dire: «N’est-ce pas dégoûtant ce que vous avez fait là: faire sortir Shiva de sa méditation simplement parce que vous avez une petite brûlure sur votre pied – qui ne pouvait même pas vous faire du mal puisque vous êtes immortelle!» Elle est devenue furieuse et elle lui a dit: «Montrez-moi que cela peut être autrement.» Narad a répondu: «Je vais vous montrer ce qu’est vraiment d’aimer son mari, vous n’y entendez rien!»

Alors vient l’histoire d’Anousouya avec son mari (qui est un mari... un très brave homme, mais enfin ce n’est pas un dieu, n’est-ce pas!) et il est en train de se reposer, la tête sur les genoux de sa femme. Ils avaient fait leur poudja (ce sont tous les deux des adorateurs de Shiva) et après leur poudja, lui se repose, il dort, la tête sur les genoux d’Anousouya. Pendant ce temps-là, les dieux sont descendus sur terre, particulièrement cette Parvati, et ils la voient comme cela. Alors Parvati s’exclame: «Ça, c’est une bonne occasion!» Et il n’y avait pas très loin un feu sur un fourneau. Avec son pouvoir, elle envoie le feu rouler sur les pieds d’Anousouya – qui a un petit sursaut parce que cela lui fait mal. Ça commence à brûler: pas un cri, pas un mouvement, rien... parce qu’elle ne veut pas réveiller le mari. Et elle a commencé à invoquer Shiva (Shiva était là). Et parce qu’elle a invoqué Shiva (c’est joli dans l’histoire) parce qu’elle a invoqué Shiva, le pied de Shiva a commencé à brûler! (Mère rit) Alors Narada montre Shiva à Parvati: «Regardez ce que vous faites, vous êtes en train de brûler le pied de votre mari!» Et Parvati a fait un geste opposé et le feu s’en va.

C’est comme cela.

Joli.

Oh! l’histoire était très jolie tout du long. Il y avait une chose après l’autre, une chose après l’autre, et toujours le pouvoir d’Anousouya était plus grand que le pouvoir des dieux. J’ai beaucoup aimé cette histoire.

Cela s’est terminé d’une façon... (oh! c’est une longue histoire, cela a duré trois heures!) Mais vraiment c’était joli tout du long. Joli pour montrer que la sincérité de l’amour est beaucoup plus puissante que n’importe quoi.

Je ne veux pas te raconter tout cela, ça n’en finirait pas, mais enfin voilà.

* * *

(Peu après, le disciple reprend l’Agenda du 9 août où Mère dit que les dieux sont «bien pires que les êtres humains».)

Il faudrait dire qu’il s’agit des dieux pouraniques, parce que les chrétiens, par exemple, ne comprennent même pas ce que cela peut vouloir dire. Ils ont une conception des dieux tout à fait différente.

Cela pourrait s’appliquer à la vieille mythologie grecque.

Non, pas seulement. Cela s’applique dans beaucoup de cas. Enfin si les chrétiens ne comprennent pas, it y en a beaucoup qui comprendront!

Ceux qui ont un peu lu et qui savent un peu autre chose que leur petite ornière comprendront.

Il y a une sorte de similitude entre les dieux des Pouranas et les dieux de la mythologie grecque ou égyptienne: les dieux de la mythologie égyptienne sont des êtres terribles... Ils coupent la tête des gens, ils dépècent leur ennemi!...

Les grecs n’étaient pas toujours tendres non plus!

En Europe et dans le monde occidental moderne, on s’imagine que tous ces dieux – les dieux grecs et les dieux «païens» comme ils les appellent – sont des imaginations humaines, que ce ne sont pas des êtres véritables. Il faut savoir que ce sont des êtres véritables pour comprendre. C’est cela, la différence. Pour eux, c’est seulement un produit de l’imagination humaine, cela ne correspond à rien de réel dans l’univers. Mais c’est une erreur grossière.

Pour comprendre le mécanisme de la vie universelle, et même celui de la vie terrestre, il faut savoir que ce sont tous des êtres vivants dans leur domaine propre, ayant leur réalité indépendante. Ils existeraient même si les hommes n’existaient pas! La plupart de ces dieux existaient avant que l’homme n’existât.

Ce sont des êtres qui appartiennent à la création progressive de l’univers et qui ont eux-mêmes présidé à la formation depuis les régions les plus éthérées ou subtiles jusqu’aux régions les plus matérielles. C’est une descente de l’Esprit créateur divin qui est venu réparer le mischief (les méfaits)... enfin ce que les Asoura avaient fait. Les premiers formateurs avaient créé un désordre et une obscurité, une inconscience, et alors il y a eu une seconde «lignée» de formateurs, dit-on, pour réparer ce mal-là, et ceux-là (les dieux) sont descendus progressivement à travers des réalités de plus en plus – on ne peut pas dire denses, parce que ce n’est pas dense, on ne peut même pas dire plus matérielles puisque la matière telle que nous la connaissons n’existe pas sur ces plans – , à travers des substances de plus en plus concrètes.

Suivant les écoles occultes, suivant les traditions, toutes ces zones de réalité, ces plans de réalités ont reçu des noms différents, ils ont été classifies de façon différente, mais il y a une analogie essentielle, et si l’on remonte assez haut dans les traditions, il n’y a plus guère que les mots qui changent suivant les pays et les langages. Les descriptions sont tout à fait analogues. Et d’ailleurs, ceux qui suivent le chemin contraire, c’est-à-dire l’être humain qui par connaissance occulte peut se sortir d’un de ses «corps» (on les appelle sheaths en anglais[2]) pour entrer dans un corps plus subtil – pour agir dans un corps plus subtil – et ainsi de suite, douze fois (il fait sortir chaque corps d’un corps plus matériel, laisse le corps plus matériel dans la zone correspondante et s’en va par extériorisations successives), et ce qu’ils ont vu – ce qu’ils ont découvert et vu par leur ascension – , que ce soient les occultistes d’Occident ou les occultistes d’Orient, la description est pour ainsi dire analogue. Ils ont mis des mots différents mais l’expérience est très semblable.

Il y a toute la tradition chaldéenne, et puis il y a la tradition védique, et il y avait très certainement une tradition antérieure aux deux et qui s’est séparée en deux branches. Eh bien, toutes ces expériences occultes ont été les mêmes. C’est seulement la description qui a été différente suivant les pays et les langages. L’histoire de la création n’est pas racontée du point de vue métaphysique ou psychologique mais d’un point de vue objectif; mais cette histoire est aussi réelle que ne l’est notre histoire des époques historiques. Bien sûr, ce n’est pas la seule façon de voir, mais c’est une façon tout aussi légitime que les autres, et en tout cas elle reconnaît la réalité concrète de tous ces êtres divins. Mais encore maintenant, les expériences des occultistes d’Occident et celles des occultistes d’Orient présentent de grandes similitudes. C’est seulement la façon dont ils s’expriment qui diffère, et le maniement des forces est le même.

J’avais appris tout cela par Théon. Vraisemblablement, c’était... je ne sais pas si c’était un Russe ou un Polonais (un Juif russe ou polonais), il n’a jamais dit, ni ce qu’il était vraiment, ni où il était né, ni son âge, ni rien.

Il avait deux noms d’emprunt: un nom arabe qu’il avait pris quand il s’était réfugié en Algérie (pour quelle raison, je ne sais pas), après avoir travaillé avec Blavatsky et fondé une société occulte en Egypte. Après cela, il était venu en Algérie, et là, il s’était d’abord appelé «Aïa Aziz» (un mot d’origine arabe qui veut dire le «bien-aimé») puis, quand il a commencé à fonder sa «revue cosmique» et son «groupe cosmique», il s’est appelé Max Théon, c’est-à-dire le Dieu suprême (!) le plus grand Dieu! Et personne ne lui a connu d’autre nom que ces deux-là, Aïa Aziz ou Max Théon.

Il avait une femme qui était anglaise.

Il disait qu’il avait reçu l’initiation en Inde (il savait un peu de sanscrit et connaissait à fond le Rig-Véda), et alors il avait élaboré d’une façon quelconque une tradition qu’il appelait la «tradition cosmique» et qu’il prétendait avoir reçue – je ne sais de quelle manière – d’une tradition antérieure à la Kabbale et aux Véda. Mais il y avait beaucoup de choses (c’était Madame Théon qui était la voyante et qui recevait les visions, et elle était admirable), beaucoup de choses que, moi, j’avais vues et connues avant de les connaître, et qui ont été corroborées.

Alors, personnellement, je suis convaincue qu’il y a eu, en effet, une tradition antérieure à ces deux traditions-là et qui contient une connaissance très proche d’une connaissance intégrale. Eh bien, il y a une similitude dans les expériences. Quand je suis venue ici et que j’ai exprimé à Sri Aurobindo certaines choses que je savais au point de vue occulte, il m’a toujours dit que c’était conforme à la tradition védique. Et dans certaines pratiques occultes, il m’a dit que c’était tout à fait tantrique – et je ne connaissais rien à ce moment-là, absolument rien, ni des Véda ni des Tantra.

Donc, très vraisemblablement, il y a eu une tradition antérieure aux deux. J’ai des souvenirs (pour moi, ce sont toujours des choses vécues), j’ai des souvenirs très clairs, très précis, d’un temps qui était certainement très antérieur aux temps védiques et à la Kabbale, à la tradition chaldéenne.

Mais ça, n’est-ce pas, il n’y a qu’un très petit nombre de gens en Occident qui savent que ce n’est pas simplement subjectif et de l’imagination (une imagination plus ou moins déréglée) et que cela correspond à une vérité universelle.

Alors toutes ces régions, tous ces domaines sont remplis d’êtres qui existent chacun dans son domaine, et si vous êtes éveillé et conscient dans un plan donné – par exemple si, en sortant d’un corps plus matériel, vous vous éveillez sur un plan supérieur quelconque – , vous avez le même rapport avec les choses et les gens de ce plan-là qu’avec les choses et les gens du monde matériel; c’est-à-dire qu’il existe un rapport tout à fait objectif, qui n’a rien à voir avec l’idée que vous vous faites des choses. Naturellement, la ressemblance est de plus en plus grande à mesure que l’on s’approche du monde physique, du monde matériel, et même il y a un moment où une région a une action directe sur l’autre. En tout cas, dans ce que Sri Aurobindo appelle les «domaines du surmental», vous trouvez une réalité concrète, tout à fait indépendante de votre expérience personnelle: vous y retournez et vous retrouvez les mêmes choses, avec des différences qui se sont produites pendant votre absence. Et vous avez des rapports avec ces êtres-là identiques aux rapports que vous avez avec les êtres physiques, avec cette différence que c’est plus plastique, plus souple, plus direct (par exemple, il y a cette capacité de changer de forme extérieure, la forme visible, suivant l’état intérieur dans lequel vous vous trouvez), mais vous pouvez donner un rendez-vous à quelqu’un et vous trouver présent au rendez-vous et retrouver le même être avec certaines différences qui se sont produites pendant le temps de votre absence: c’est tout à fait concret, avec des effets tout à fait concrets.

Il faut, au moins, avoir un petit peu de cette expérience pour comprendre ces choses. Autrement si on est convaincu que tout cela, c’est de l’imagination humaine et des formations mentales, si on croit que ces dieux ont telle ou telle forme parce que les hommes les ont pensés comme cela, et qu’ils ont tels défauts et telles qualités parce que les hommes les ont pensés comme cela – tous ceux qui disent que Dieu est fait à l’image de l’homme et qu’il n’existe que dans la pensée humaine – , tous ceux-là ne comprendront pas, cela leur paraîtra tout à fait ridicule, une folie. Il faut avoir vécu un peu, touché un peu au sujet pour savoir à quel point c’est une chose concrète.

Naturellement, les enfants savent beaucoup – si on ne les gâtait pas. Il y a tant d’enfants qui retournent au même endroit toutes les nuits et qui continuent à vivre une vie qu’ils ont commencée là-bas. Quand ces facultés ne sont pas gâtées avec l’âge, on peut les conserver avec soi. Du temps où je m’intéressais spécialement aux rêves, je pouvais retourner exactement à un endroit et continuer un travail que j’avais commencé, visiter quelque chose, par exemple, arranger quelque chose, un travail d’organisation ou de découverte, d’exploration: on va jusqu’à un certain endroit, comme quand on va dans la vie, ensuite on se repose, et puis on retourne et on recommence – on recommence l’action à l’endroit où on l’a laissée et on continue. Et on s’aperçoit qu’il y a des choses qui sont tout à fait indépendantes de vous, des variations dont vous n’êtes pas du tout l’auteur et qui se sont produites automatiquement pendant votre absence.

Mais pour cela, il faut vivre ces expériences soi-même; il faut voir soi-même, les vivre avec assez de sincérité pour voir (si on est sincère, si on est spontané) qu’elles sont indépendantes de la formation mentale. Parce qu’on peut faire la contrepartie et l’étude approfondie de l’action de la formation mentale sur les événements – cela, c’est très intéressant. Mais c’est un autre domaine. Et cette étude vous rend très soigneux, très prudent, parce qu’on s’aperçoit à quel point on peut s’illusionner soi-même. Il faut donc étudier l’un et l’autre, la formation mentale et la réalité occulte, pour voir quelle est la différence essentielle entre les deux. L’une qui existe en soi, tout à fait indépendante de la pensée que l’on en a, et l’autre...

Cela a été une grâce, on m’a fait avoir toutes les expériences sans que je sache RIEN de ce dont il s’agissait – ma pensée était absolument... (comment dire?) blanche. Il n’y avait aucune correspondance active dans la pensée formatrice. Je n’ai su les choses qui étaient arrivées ou les lois qui les gouvernaient qu’APRÈS, quand j’ai fait une enquête de curiosité pour savoir à quoi cela correspondait. Alors j’ai découvert. Mais autrement, je ne savais pas. Donc j’ai eu la preuve que c’étaient des choses qui existaient tout à fait en dehors de mon imagination ou de ma pensée.

Ce n’est pas très fréquent dans le monde. Alors ces expériences qui nous paraissent tout à fait naturelles, évidentes, pour des gens qui ne savent rien, c’est... c’est de l’imagination dévergondée.

Voilà.

Transplantez cela en France, en Occident, à moins que l’on ne fréquente des milieux occultes, ils vous regardent avec des yeux... Et quand vous avez le dos tourné, ils disent: «Ces gens-là sont timbrés»!

* * *

(Plus tard, le disciple demande à Mère des précisions sur la «différence essentielle» entre la réalité occulte et la formation mentale)

Quand on a travaillé dans ce domaine-là, on se rend compte en effet que si l’on a étudié un sujet, si l’on a appris mentalement quelque chose, cela donne une coloration spéciale à l’expérience: l’expérience peut être tout à fait spontanée et sincère mais le simple fait d’avoir connu ce sujet et de l’avoir étudié donne une coloration particulière; tandis que si l’on n’a rien appris sur la question, si l’on ne sait rien du tout, eh bien, quand vient l’expérience, la notation est tout à fait spontanée et sincère; elle peut être plus ou moins adéquate, mais elle n’est pas le résultat d’une formation mentale antérieure.

Alors, ce qui s’est passé dans ma vie, c’est que je n’ai su et étudié les choses qu’après avoir eu l’expérience – a cause de l’expérience, parce que je voulais la comprendre et que j’ai étudié quelque chose de correspondant.

Pour les visions des vies antérieures, c’était la même chose: je ne savais rien, même de la possibilité de vies antérieures, quand j’ai eu les expériences, et c’est seulement après avoir eu des expériences que j’ai étudié la question et que j’ai même, par exemple, vérifié des faits historiques qui s’étaient passés dans ma vision et que je ne connaissais pas auparavant.

(Puis le disciple demande des détails sur les sorties successives d’un corps dans un autre plus subtil)

Il y a des corps subtils et des mondes subtils qui correspondent à ces corps; c’est ce que la méthode psychologique appelle des «états de conscience», mais ces états de conscience correspondent réellement à des mondes. Le procédé occulte consiste à prendre conscience de ces divers états d’être intérieurs, ou corps subtils, et à en devenir suffisamment maître pour pouvoir les faire sortir l’un de l’autre successivement. Parce qu’il y a toute une échelle de subtilités croissantes, ou décroissantes suivant le sens; et le procédé occulte consiste à faire sortir d’un corps plus dense un corps plus subtil, et ainsi de suite, jusqu’aux régions les plus éthérées. On s’en va par extériorisations successives, dans des corps ou des mondes de plus en plus subtils. C’est un peu comme si, chaque fois, on passait dans une autre dimension. La quatrième dimension des physiciens n’est d’ailleurs que la transcription scientifique d’une connaissance occulte.

Pour donner une autre image, on peut dire que le corps physique est au centre – c’est le plus matériel et le plus condensé, et aussi le plus petit – , et les corps intérieurs plus subtils débordent de plus en plus ce corps physique central: ils passent au travers en s’étendant de plus en plus loin, comme une eau qui s’évapore d’un vase poreux et forme une sorte de buée tout autour. Et plus la subtilité est grande, plus l’extension tend à rejoindre celle de l’univers: on finit par s’universaliser. Et c’est un procédé tout à fait concret qui donne une expérience objective des mondes invisibles, et qui permet même d’agir dans ces mondes.

@

[1]. Le film du 5 août.

[2]. Sheath: enveloppe.

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