20 avril 1960

(Lettre de Satprem à Mère)

Rameswaram, 20 avril 1960

Douce Mère,

J’ai été peiné et choqué en arrivant chez X. de le voir logé dans une horrible maison qui ressemble à un hall de gare en réduction (et en moins bien), avec des pâtisseries en ciment jaune criard. Partout du ciment – ils ont même cimenté le «patio» et arraché le bel arbre qu’il y avait là. O Mère, c’est du vandalisme, c’est barbare! Tu ne peux pas imaginer! Réellement M. a commis une mauvaise action.

J’ai eu la joie, pour compenser, de trouver tes deux lettres. Oui, depuis quelque temps il me semble mieux sentir ta Présence physique. Mais pourquoi donc suis-je tellement bouché, où est le vice? Il me semble, constamment, vivre en marge de moi-même, ou plutôt sur une minuscule fraction de moi-même, et je n’arrive pas à être conscient du reste – l’amnésique perpétuel. C’est désagréable et bien stupide. Qu’est-ce qui fera sauter cette carapace?

J’ai hâte d’être revenu près de toi.

Ton enfant avec gratitude et amour.

Signé: Satprem

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