7 mars 1960

(Lettre de Satprem à Mère)

Pondichéry, 7 mars 1960

Mère,

Voici la lettre de l’éditeur. Tout est de toi, tout est à toi. Puissè-je te servir toujours. Avec amour.

Ton enfant

Signé: Satprem

ÉDITIONS DU SEUIL
27, RUE JACOB, PARIS-VIe – DAN 84 60, 61, 62

Paris, 1er mars 1960

Cher Satprem,

. . . . . . .

Cher Satprem, l’éditeur et l’ami sont ici d’accord pour vous dire que L’Orpailleur est un beau livre, dont la richesse et la force m’ont frappé plus encore qu’autrefois, lorsque j’en lisais la première version. Je ne peux vous dire à quel point votre Job m’est fraternel – dans ses ombres et dans ses lumières. La joie, la joie sauvage, irréductible, qui couve en secret et tantôt éclate, embrase tout, cette joie qui est au cœur du livre brûle le lecteur – pour peu, en tout cas, qu’il ait quelque disposition à s’enflammer. En définitive, je ne sais pas si L’Orpailleur sera remarqué ou non, si la critique lui fera ou non l’aumône d’un article, d’une notule, d’un écho, si les libraires le «vendront» ou non (pauvre orpailleur!). Mais ce que je sais c’est que pour quelques lecteurs – 2, 3, 10? – votre livre sera le cri qui vous arrache pour toujours au sommeil. A votre chant, un autre chant, en eux-mêmes, répondra. Où, comment s’achèvera ce concert? Qui sait – tout est possible!

Mes propos sont un peu décousus – mais je ne suis pas d’humeur à vous tenir un discours articulé. Façon de vous dire, encore une fois, que je suis heureux – et reconnaissant.

Avec toute mon amitié.

Signé: M.C.

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