6 mars 1962
Alors toi, ça va ?
Je ne sais pas où j'en suis, du tout. Tu es neutre.
Oui, je ne comprends plus rien du tout.
Neutre. Oui, ce qu'on appelle dull en anglais. Et alors (riant) tu as beaucoup de peine à ne pas être irrité.
Pourquoi. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Oh ! rien. (Mère rit) Rien de précis. L'impression que si on te touchait, tu sauterais !
Mais je ne comprends plus rien vraiment. Je ne comprends plus. J'ai la foi absolue dans une Autre Chose – ça, depuis toujours, et ça ne varie pas. Mais... j'ai l'impression qu'il n'y a pas de progrès. Je ne vois rien devant moi, rien derrière moi, il n'y a rien. Je ne sais pas, je suis ici depuis pas mal d'années déjà, je n'ai pas l'impression d'avoir fait un atome de progrès, rien – je ne vois rien. Je ne perds pas la foi parce que c'est ma seule raison d'être; s'il n'y avait pas ça, je me suiciderais, s'il n'y avait pas cette certitude d'Autre Chose. Mais pratiquement...
Il y a des périodes comme cela.

 

Mais il n'y a rien pour vous faire dire qu'on progresse, pour vous donner confiance: «Ah ! oui, on est sur la voie. » Rien.
Ce doit être, en soi-même, quelque chose qui doit être conquis, c'est-à-dire que l'état lui-même représente une chose qui doit être conquise. Parce que... n'est-ce pas, je t'ai dit l'autre jour que j'avais eu cette espèce d'expérience si formidable dans la conscience corporelle1 – cette conscience qui est si neutre et si, oui, si dull, dans le monde matériel; où on a justement l'impression de quelque chose qui ne bouge pas, qui ne change pas, qui est incapable de répondre – qu'on pourrait attendre des millions et des millions d'années, que rien ne bougerait. Et cette expérience-là était venue à la suite d'un assez mauvais passage – il faut des catastrophes pour que ça commence à bouger, c'est tout à fait curieux ! Et non seulement cela, mais le petit brin d'imagination que ça a (si l'on peut appeler cela imagination), c'est toujours catastrophique. Si ça prévoit quelque chose, ça prévoit toujours le pire. Et un pire qui est tout petit, tout mesquin, tout vilain – c'est toujours le pire. Et c'est... vraiment, c'est la condition la plus écœurante de la conscience humaine et de la matière. Eh bien, je suis en plein là-dedans, depuis des mois, et ma façon d'être là-dedans, c'est de passer par toutes les maladies possibles et d'avoir tous les embêtements physiques possibles, l'un après l'autre.
Ces temps derniers, je te l'ai dit, les choses étaient devenues vraiment un peu... dégoûtantes, dangereuses, et j'ai fait une sâdhanâ d'une heure, une heure et demie comme ça (Mère tient ses deux poings serrés) en tenant ce corps et cette conscience corporelle. Et pendant tout le temps du travail de cette Force là-dedans (c'est comme quand on pétrit une pâte qui est très résistante), il y avait quelque chose qui me disait: « Tu vois, tu ne peux plus nier qu'il y a des miracles.» Et c'était à cette conscience (ce n'était pas à moi naturellement), c'était à cette conscience corporelle que ça disait cela, comme ça: « Tu vois maintenant, tu ne peux pas nier qu'il y a des miracles. » Et elle était obligée de voir – elle était là, bouche ouverte «Ah ! » comme un idiot à qui on montre le ciel ! Mais c'est tellement bête que ça n'avait même pas la joie de cette découverte ! Mais elle était obligée de voir, c'était sous son nez; il n'y avait pas moyen d'en sortir, elle était obligée de reconnaître. Eh bien, mon petit, dès que j'ai cessé la pression – oublié !
1. La guérison des jambes de Mère: «Maintenant, ô substance incrédule, tu ne pourras pas dire qu'il n'y a pas de miracles.» (Agenda du 24 février)

 

Moi, je me souviens naturellement de toute l'expérience – elle, elle a oublié. Dès qu'il y avait une petite difficulté, même simplement l'ombre, le souvenir de la difficulté: de nouveau «Oh ! oh ! oh ! qu'est-ce qui va arriver ? » Les mêmes anxiétés, les mêmes stupidités.
Alors je me rends compte qu'il faut continuer.
Mais ce qui est embêtant, c'est que je passe par d'assez mauvais moments physiques, et qui sont nécessaires pour secouer ça. Alors tu sais, je comprends pour les autres ce que c'est ! Parce que je ne perds jamais la conscience ni le contact avec... pas avec la Connaissance, mais avec l'EXPÉRlENCE absolue de l'identification. C'est seulement le travail, là, dans la Matière, qui est comme cela. Et alors je comprends pour ceux qui vivent comme cela, au jour le jour, à la minute la minute, pour qui ce n'est pas un travail constant, permanent, de chaque seconde, et absolument conscient et volontaire... et avec la bonne volonté du corps, n'est-ce pas: cette pauvre chose, je l'ai surprise quelquefois à pleurer comme un enfant ! et puis à implorer: « Comment faire pour sortir de là ? » C'est ça, c'est ça qui a fait que les gens – tous les gens qui avaient réussi à avoir la réalisation intérieure ont dit: « C'est impossible. » C'est leur impossible ! – Je sais que ce n'est pas impossible, je sais que ce sera, mais... Et combien de temps ça prendra ? Je ne sais pas.
J'ai l'impression... mon impression, c'est que si on veut se dépêcher, si on veut presser, aller un peu plus vite, ça se bloque, ça devient comme une pierre – ça retourne à l'état de pierre. La pierre, pour devenir un homme, ça a pris longtemps... Alors je ne veux pas de ça. On ne peut pas dépasser une certaine impatience – même pas impatience: une certaine pression. Au-delà d'une certaine pression, ça devient une pierre. Alors je comprends les gens qui ont eu la réalisation, qui sont dans le bonheur de la réalisation – eh ! ils donnent un coup de pied à ça, ils disent: « Eh bien, je m'en passerai. »
C'est ce qui est toujours arrivé.
Mais je ne peux pas.
Je fais toujours cela, je dis: « Ah ! bien, c'est bon, maintenant je... (je dis au Seigneur avec un sourire), maintenant, si Tu as décidé que je m'en aille, je m'en vais, très volontiers. »
S'il donnait une gifle, Il me la donnerait ! – Je le sais, n'est-ce pas, je le sens bien, même en le disant.
C'est simplement pour être sûre que la conscience est dans un état de parfaite égalité; c'est-à-dire que ce soit comme cela ou comme cela ou comme cela, tout ça, ça m'est absolument indifférent: ce

 

que Tu veux – spontanément et entièrement et exclusivement –, Ma Volonté. Je dis « Ma » Volonté exprès, pour dire qu'il y a adhésion totale – ce n'est pas une soumission, ça n'a rien à voir avec une soumission: c'est comme ça (geste d'abandon total). Eh bien, malgré ça, ça ne fait pas beaucoup de progrès.
Oui, tout d'un coup, tout d'un coup – tiens, par exemple (ça n'a l'air de rien du tout mais quand on en est à ce point-là...), le contrôle conscient d'un fonctionnement du corps ou d'un autre qui tout d'un coup commence à poindre, qui vous fait entrevoir le moment où ce sera une volonté consciente qui fera fonctionner tout ça – ça, c'est en route. Mais c'est un tout-tout petit, petit, petit commencement. Et la moindre intervention mentale du vieux mouvement abîme tout. C'est-à-dire la vieille façon de se conduire avec son corps: on veut ceci et on veut ça et on veut ça, et on veut lui faire faire ça et on veut lui faire faire... – de la minute où ça, ça montre son nez, tout s'arrête. Le progrès s'arrête. Il faut être dans un état d'union béatifique, alors... alors on perçoit le nouveau fonctionnement qui commence.
Mais c'est devenu un jeu tellement délicat ! Une toute petite chose, toute petite, détraque tout: simplement un mouvement ordinaire, le mouvement du fonctionnement ordinaire; quand, par une sorte d'habitude, on glisse là-dedans (c'est tout petit, ce ne sont pas des choses qui se voient facilement: c'est ténu-ténu-ténu; il faut être très-très-très attentif), si ça arrive, tout s'arrête. Alors il faut attendre. Il faut attendre que ça veuille bien s'arrêter, c'est-à-dire entrer en méditation, contemplation – refaire tout le chemin. Et alors, quand on a rattrapé Ça, quand on peut rester là-dedans quelques secondes, quelquefois quelques minutes (quand c'est quelques minutes, c'est merveilleux)... et puis encore ça s'enraye, encore tout recommencer.
Je ne te dis pas cela pour te décourager, mais pour te dire qu'il faut vraiment, vraiment avoir de la patience. La seule chose possible, c'est de le faire dans une sorte de passivité: ne pas vouloir le résultat – si on veut le résultat, on fait entrer là-dedans un mouvement d'ego, qui abîme tout.
Mais il y a longtemps que je t'ai dit qu'on était très proches – il y a longtemps.
Alors quand les gens me demandent, je dis (pour leur dire quelque chose): « On verra. » Ce n'est pas du tout que je ne sais pas – je sais parfaitement comment ce sera. (Riant) Mais je ne sais pas quand ! Ça, je ne sais pas. Encore maintenant, je ne sais pas quand.
Parce que, ce qui veut savoir quand, c'est encore quelque chose qui se dépêche.

 

Non, il faut être un saint, mon petit ! (Mère rit beaucoup)
(Le disciple fait la grimace)
Oui, eh bien, moi non plus ! Moi aussi, je disais ça ! Quand Sri Aurobindo était là, je disais à tout le monde: «Oh ! je ne suis pas une sainte et je ne veux pas être une sainte ! » Et voilà ce qui m'est arrivé !
Il faut être un saint sans sainteté. Pas de sainteté du tout.
Les moindres règles, tu sais, comme toutes ces règles qu'on vous enjoint: « Surtout ne faites pas ça; surtout faites ceci, n'oubliez pas ça », comme, par exemple, les ablutions, les attitudes, tout ça, les nourritures – et il y en a ! (il y en a une pile de « pas ça et pas ça et pas ça, et puis ça, et ça»), tout ça, balayé ! Et balayé au point que même, parfois, c'est comme un obstacle. Quelque chose qui est surtout recommandé: « Surtout faites cela, surtout faites ceci » (une attitude ou une chose), c'est comme un obstacle. Je n'ose même pas le dire, mais la régularité dans les heures, par exemple: être toujours à la même heure pour les ablutions, faire son japa toujours de la même manière, tout ça. Et je vois bien, je sais très bien que c'est Sri Aurobindo qui me met toutes sortes d'obstacles idiots – des obstacles dont je pourrais me débarrasser avec une seule seconde de réflexion –, il les met comme ça, il a l'air de jouer ! C'est comme cet aphorisme où il disait qu'il s'est querellé avec le Seigneur et que le Seigneur l'a fait tomber dans la boue, tu te souviens1 ? Ça me fait tout à fait cet effet-là ! Il me met des bâtons dans les roues, et il rit. Alors je dis: « Ça suffit, c'est bon, je m'en fiche ! Je fais tout ce que Tu veux, je ne m'en occupe pas: je le fais, je ne le fais pas, je le fais comme ceci, je le fais comme cela... » Tout ça, parti, en fumée.
Mais ce qui est devenu constant (je ne devrais pas le dire parce que ça va encore m'attirer des ennuis !) mais enfin, ce qui essaye d'être constant, c'est le discernement. Toutes les circonstances, les vibrations, les rapports, ce qui vient de l'entourage, ce qui répond – situer toutes les choses. Un discernement de chaque seconde. Je m'aperçois d'où viennent les choses, de pourquoi elles sont là, de l'effet qu'elles ont, vers quoi ça va me mener, tout ça. Ça
1. 463 – «Au début, chaque l'ois que je retombais dans le péché, j'avais l'habitude de pleurer et de me mettre en rage contre moi-même et contre Dieu pour l'avoir permis. Plus tard, j'osais seulement demander: «Pourquoi m'as-tu encore roulé dans la boue, ô mon camarade de jeu ?»...

 

devient de plus en plus fréquent, constant, automatique – comme un état.
Ça, c'est à peu près la seule chose dont le progrès est très visible. J'espère que le fait d'avoir parlé ne va pas me mettre encore dans quelque difficulté !
Mais toute impatience et toute irritation... Enfin, si ça vous soulage. Il y a des gens qui ont besoin de ça comme d'une soupape de sûreté. Mais ça vous fait perdre beaucoup de temps.
Un jour, j'étais comme ça, tendue, c'était devenu si « intolérable » comme on dit, que quelque chose dans le vital le plus matériel est entré dans un état qui généralement est considéré comme une fureur (c'était tout à fait contrôlé, en ce sens que ça avait fonctionné comme une soupape de sûreté et c'était regardé comme cela, justement dans toutes ses vibrations). J'étais toute seule dans la salle de bains, personne pour me voir: j'ai empoigné je ne sais plus quoi, et vlan ! par terre.
Ouf ! ça m'a soulagé.
Voilà.
Mais qu'est-ce qu'il faut faire en attendant ? Faire quoi ?
Je te dis, moi, ce que je fais – je dis au Seigneur: « Bien, si c'est comme cela, eh bien, je ne fais plus rien; je me mets dans Tes bras et j'attends. » Et je le fais réellement (j'allais dire matériellement), concrètement – et je ne bouge plus: « C'est Toi qui feras tout, je ne fais plus rien. » Et vraiment je reste comme cela. Alors naturellement, c'est immédiatement une grande joie, et je ne bouge plus.
N'est-ce pas, je suis absolument débordée de travail matériel, de lettres, de gens, de choses à arranger, à décider, de grandes organisations, tout ça qui tombe sur moi de tous les côtés et qui essaye de me prendre tout mon temps et toute mon énergie. Il y a des moments où ça devient vraiment trop. Alors, quand c'est trop, je dis: « Bon, maintenant Seigneur, je me couche dans Tes bras. » Et je suis là, je ne pense plus à rien, je ne m'occupe plus de rien, et... je rentre dans la Béatitude. Généralement, au bout de dix minutes, tout va bien !
L'ennui, c'est que les mécanismes mentaux ne sont plus là. Avant, avec le mental, on entreprend ceci, on fait cela; mais je ne fais pas fonctionner ça, alors rien ne me fait bouger !
Bien sûr. Mais c'est un grand progrès.

 

Mais non! Parce qu'il y a peut-être des choses que je devrais faire.
Non.
Non. C'est un grand progrès. C'est un immense progrès.
Eh bien, oui! mais j'ai l'impression de ne rien faire, par exemple...
Oui.
Sauf le strict nécessaire, parce que ça doit se faire, alors je le fais, autrement... Je n'ai pas envie de faire bouger le mental, je veux autre chose.
Eh bien, oui ! Dieu merci, je te le dis, c'est un immense progrès. Tu devrais te réjouir.
Oui, mais pratiquement je ne fais rien.
Mais qu'est-ce que ça peut faire !
Tu peux te coucher sur une natte, regarder une fleur, ou regarder un bout de ciel si tu en vois, au besoin (moqueuse) fumer une cigarette pour t'occuper, et puis rester comme ça, relaxed. Et si tu fais ton pranayama, tu t'apercevras avec ça, avec cette «relaxation», que tu vas devenir extrêmement fort – accumuler, accumuler, accumuler des énergies. Et alors l'effort ne sera rien, tu feras ça comme en te jouant.
Mais c'est la vieille habitude. C'est la vieille habitude d'avoir peur d'être paresseux. Il m'a fallu... Mais ça, Sri Aurobindo m'a guérie assez vite. C'était comme cela avant de le rencontrer. Et c'est la première chose qu'il ait faite: la tape sur la tête, toute activité partie, un silence complet, toutes les constructions mentales, toutes les habitudes mentales, tout ça, fini !... en un clin d'œil.
Et alors j'ai fait bien attention que ça ne revienne pas.
Et après ça, alors...
Il dit cela quand il explique l'égalité mentale', il dit qu'on arrive à un état où on est incapable to initiate, c'est-à-dire de mettre en mouvement une activité, et que si on ne reçoit pas comme un choc l'impulsion d'en haut, on ne bouge pas – on ne fait rien, on reste

 

comme ça, absolument immobile dans sa pensée (pas seulement physiquement mais dans sa pensée, surtout dans sa pensée): on ne commence rien.
Avant, n'est-ce pas, tout le temps la pensée crée, émane des actions, des volontés, des mouvements, produit des conséquences; et justement on a très peur quand ça s'arrête: on a l'impression qu'on devient idiot. Mais c'est tout le contraire ! Plus une idée, plus une volonté, plus une impulsion, plus rien. Et alors on ne fait que quand il y a quelque chose qui vous fait faire – on ne sait pas pourquoi ni comment.
Naturellement, ce n'est pas d'en bas, il ne faut pas que ça vienne d'en bas. Mais on ne peut avoir ça, vraiment, que quand on en a fini avec tout le travail d'en bas1.
Sans date (mars) 1962
(Au début de cette entrevue, Mère fait appeler Pavitra à propos de certaines lettres et démêlés avec un professeur de l'École de l'Ashram:)
Vous savez... quand les enfants se réunissent et qu'ils font un jeu, il font un tribunal ou une école ou une armée – vous savez comme ils sont sérieux ?
(Pavitra:) Oui, Mère.
Oh ! et puis si on fait une faute, on est puni... Eh bien, vous me faites l'effet d'enfants comme cela ! C'est ça qui est ennuyeux. Alors je commence à rire, je ne peux pas vous prendre au sérieux. Vous êtes trop sérieux pour que je vous prenne au sérieux ! C'est très ennuyeux.
J'ai pris vos papiers très sérieusement, je voulais finir de tout ça, j'essayais de finir – je regarde ça, et puis dès que j'ai commencé à lire vos lettres, vos compte-rendus... tout de suite j'ai vu une cour, des enfants (Mère prend un ton solennel): « Maintenant, nous allons

 

jouer au tribunal... maintenant, nous allons jouer à l'école... » J'ai vu ça. « C'est comme cela et puis pas comme ça, et puis surtout ne vous trompez pas. Il faut faire attention ! »
(Pavitra:) Mais Mère, je n'avais aucune idée de prendre une décision, seulement quand S envoie une lettre, deux lettres, et puis qu'il demande la réponse de Mère, je suis bien obligé finalement de m'adresser à toi.
Mais Mère ne veut pas prendre de décision, parce que... parce que ça ne dépend pas d'une décision de moi. Je peux vous dire ce que c'est (vous ne me le demandez pas, mais ça ne fait rien, je vous le dis tout de même): S a son intérêt ailleurs; ce qui l'intéresse, c'est autre chose – ça, c'est son affaire à lui, je le sais, nous le savons. Il fait sa classe à l'École par une sorte de devoir, pour faire quelque chose « pour l'Ashram » – il le fait avec ce qu'il sait (il sait), avec tout son sérieux, mais rigidement, c'est-à-dire que quand on travaille, on travaille, on ne s'amuse pas. Et puis il n'a aucune sympathie ou intérêt pour les élèves, pour leur compréhension – enfin pour qu'on progresse. Alors c'est comme cela. Sa classe est comme un coup de trique – les élèves, ça les embête.
(Pavitra:) Oui, Mère, c'est vrai.
Ce n'est pas ce qu'il enseigne – ça dépend de comment il enseigne. Et qu'est-ce que vous voulez changer à ça ?
(Pavitra:) Je vais laisser les choses comme cela, je vais simplement dire que tu as dit que l'on devait continuer comme avant.
Non, je considère que ce qu'il propose est raisonnable, parce que si on dit: it's optional [c'est facultatif], personne ne vient.
(Mère donne diverses explications)
Si vous lui dites cela, normalement ça doit marcher. Allez-y et gardez votre foi (avec un sourire moqueur): que Dieu vous bénisse !
(Pavitra sort:) Oui, Mère.
(À Satprem:) Je n'arrive pas à les prendre au sérieux, c'est dommage !

 

Tiens (Mère donne des fleurs): ça, c'est magnifique !... Et tes pigeons vont bien ?... (des pigeons blancs) Maintenant je m'intéresse à tes pigeons !
Ils sont gentils.
Alors, mon petit, X ne vient qu'après le 14 avril. Oui, il a changé son programme. Il souffre, et, parait-il, assez sérieusement.
Il y a longtemps, oui.
Et alors naturellement ça s'aggrave – ce sont ses heures de poudjâ. C'est trop. Ça devrait être compensé par au moins une heure de course1 !
Ah ! travaillons...
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