9 juin 1962
(Rappelons qu'au cours de la précédente conversation, le disciple avait pensé qu'au lieu d'un changement subjectif, un changement d'attitude vis-à-vis des choses, ce devrait être un changement objectif, un pouvoir qui change la matière même des choses, leur dureté par exemple. Mère élucide ici sa précédente réponse, à savoir que «si la Matière était changeable, il y a longtemps qu'elle aurait changé» – réponse qui, à première vue, semblait anéantir tout espoir de transformation)
Il n'y a rien à changer ! – ce sont les relations qui changent.
Tiens, par analogie, prenons ce que la Science a trouvé pour la soi-disant composition de la Matière quand ils en viennent à la composition de l'atome – il n'y a rien à changer. Il n'y a rien à changer ! L'élément constitutif ne change pas» c'est la relation qui change.
N'est-ce pas, il n'y a qu'un seul et même élément constitutif pour tout; et tout est dans les relations1. Eh bien, pour la transformation, c'est exactement la même chose.
Et alors tu parles de «pouvoir», mais justement...
(long silence)
Cette notion de « subjectif» et d'« objectif » appartient ENCORE au vieux monde et aux trois dimensions, tout au plus aux quatre dimensions... C'est un seul et même Pouvoir qui change les relations d'un seul et même élément – pour dire les choses très simplement, c'est le même Pouvoir qui donne l'expérience subjective ET la réalisation objective; c'est seulement une question de plus ou moins grande totalité de l'expérience, pourrait-on dire. Et si l'expérience était totale, ce serait l'expérience du Suprême, et elle serait universelle.
Ça a un sens ce que je dis ?!
1. Justement, le cri unanime des physiciens de la Matière de 1979 est que les « modèles » mathématiques expliquant la structure corpusculaire de la Matière sont devenus trop complexes: « Il y a trop de sortes de Quarks (particules élémentaires théoriques et constituants « ultimes » de la Matière) et beaucoup trop de leurs aspects sont inobservables ». La science sent le besoin d'une hypothèse de travail plus simple.
Alors les physiciens appellent de tous leurs vœux une nouvelle idée, simplificatrice et unitaire qui expliquerait la Matière sans le recours aux « inobservables ».
Et peut-être cette « idée » se trouve-t-elle en germe dans cette petite phrase énigmatique de Mère: « Il n'y a qu'un seul et même élément constitutif pour tout; et tout est dans les relations. » ?
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Tout se ramène presque à une capacité de répandre l'expérience, ou d'iNCLURE au-dedans de l'expérience (c'est la même chose). Il faut oublier, n'est-ce pas, qu'il y a une personne, une autre personne, une chose, une autre chose – imagine, si tu ne peux pas le réaliser concrètement, imagine qu'il n'y a qu'UNE Chose, excessivement complexe, et une expérience qui se produit sur un point, ou qui fait tache d'huile, ou qui se répand, ou qui englobe le tout, suivant le cas. C'est très approximatif, mais c'est seulement comme cela qu'on comprend. Et c'est la seule explication de la « contagion »: c'est l'Unité.
Et alors, le facteur de différence, c'est le pouvoir. Plus le pouvoir est grand, si l'on peut dire (tout cela, ce sont des mots très maladroits), plus l'expérience est étendue. La grandeur du pouvoir dépend de son point de départ. Si le point de départ est l'Origine, le pouvoir est, mettons universel (nous ne nous occupons que d'un univers pour le moment), il est universel. Ce Pouvoir se manifeste d'échelon en échelon, et il se concrétise et se limite; à chaque échelon, le rayonnement d'action se limite. Si votre pouvoir est vital (ou « pranique » comme on dit ici), le champ d'action est terrestre, et quelquefois il est limité à quelques individus, quelquefois c'est seulement un pouvoir qui peut agir sur un petit être. Mais c'est le même pouvoir originairement, agissant sur la Même substance – je ne peux pas dire, les mots sont impossibles, mais je sens très bien ce que je veux dire.
Je peux affirmer que cette notion de «subjectif» et d'« objectif » appartient encore au monde de l'illusion. C'est le CONTENU de l'expérience qui peut être microscopique ou universel, suivant la qualité propre du pouvoir qui s'exprime, ou le champ de rayonnement du pouvoir. Parce que ce peut être une limitation voulue et décidée, qui n'est pas imposée; ce peut être une limitation voulue. C'est-à-dire que la Volonté-Pouvoir peut venir de l'Origine, mais se limiter volontairement, limiter volontairement son champ d'action. Mais c'est le même pouvoir et la même substance.
Au fond, il n'y a qu'un pouvoir et qu'une substance. Il y a des modalités – d'innombrables modalités – du pouvoir et de la substance, mais il n'y a qu'UN pouvoir et qu'UNE substance, comme il n'y a qu'UNE conscience et qu'UNE vérité.
Oui, mais quand tu dis que c'est seulement «la relation qui change», il s'agit quand même d'une subjectivité (j'emploie ce mot parce qu'il n'y en a pas d'autres). Mais quand on en vient au fait de la Transformation, par exemple l'immortalité physique
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du corps, c'est autre chose qu'un simple changement intérieur de relations ? C'est quand même LA MATIÈRE qui doit être transformée ? Donc un pouvoir sur la Matière. Ce n'est pas seulement la relation qui doit changer, non ?
Non, tu ne peux comprendre le mot « relation » que si tu le prends dans son sens scientifique, c'est-à-dire que ton corps, comme mon corps, comme cette table, comme ce tapis, sont construits d'atomes, tous; et ces atomes sont constitués de quelque chose qui est UNIQUE ; et c'est seulement ou le mouvement ou la relation de ce « quelque chose », qui fait la différence apparente, différents corps, différentes formes...
Oui, alors c'est cette relation qu'il faut changer.
Mais ça, il faut le comprendre d'une façon tout à fait concrète. Eh bien, je dis que le pouvoir doit changer ce mouvement intra-atomique; alors ta substance au lieu de se désintégrer, obéira au mouvement de Transformation, tu comprends ? Mais c'est la MÊME chose, c'est tout la même chose ! mais c'est la relation dans les choses qu'il faut changer.
Et alors, c'est ÉVIDENT qu'on peut obtenir l'immortalité ! c'est seulement la fixité des choses qui fait que ça se détruit – et c'est une destruction purement apparente, n'est-ce pas; l'élément essentiel reste le même, partout, en toute chose, dans la pourriture comme dans la vie.
C'est si intéressant !
Au fond, c'est seulement la Volonté constructrice. Si cela dépend de la Volonté constructrice, cette Volonté constructrice est éternelle, immortelle, infinie – c'est évident –, par conséquent il n'y a pas de raison que ce qu'Elle a construit n'appartienne pas à cette immortalité et à cette infinité – il n'est pas essentiel que les choses aient l'apparence de se désagréger pour changer de forme, ce n'est pas indispensable. C'est arrivé comme cela, pour une raison quelconque (qui ne nous regarde pas probablement), mais ce n'est pas indispensable, ce pourrait être autrement.
(silence)
La difficulté, c'est de sortir de ça: on touche, on voit et on est l'esclave. Mais si on regarde LÀ (geste au-dessus de la tête), ça paraît tout à fait simple !
Et je dis bien: en regardant LÀ, je suis sûre qu'il n'y a pas de diffé-
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rence entre ces «subjectif» et «objectif»; sauf quand vous faites une réalité indépendante de votre individu et de votre conscience individuelle – c'est-à-dire quand, par l'imagination, vous coupez tout en petits morceaux, alors là1...
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