30 mars 1963
La dernière fois, tu as dit : «Comme cette Sécurité s'établissait de plus en plus, de plus en plus, et qu'elle se répandait... » Tu veux dire que la présence même de Sri Aurobindo...
Oui. Oui.
Pourtant, le monde était bien troublé ?
Justement, je veux dire que le monde n'était pas prêt et qu'il y avait... (comment dire?) ce paradoxe d'un centre de Sécurité qui était en contradiction totale avec l'état général du monde.
Lui-même l'a dit: «Le monde n'est pas prêt.» Alors...
C'est cela que je veux dire, c'est que sa présence physique était le signe d'un établissement de la Sécurité, et que le monde n'était pas prêt. Alors l'effet de sa présence allait grandissant, mais ça amenait une contradiction de plus en plus grande – une OPPOSITION de plus en plus grande.
*
* *
Peu après
Nous sommes vraiment dans une période d'un terne! dull-dull.

 

(silence)
Il y a comme une révision, un passage en revue de tous les éléments de la conscience corporelle, avec un échantillon des circonstances de leurs diverses manifestations ou expressions. Tout ça est passé en revue comme pour me montrer tout ce qui, dans les cellules du corps, était contraire ou pas prêt à la réception des Forces divines. Et tout ça se présente sous forme de souvenirs vécus – souvenirs de choses que j'avais plus que totalement oubliées (j'aurais pu jurer qu'elles n'existaient pas) et qui reviennent. C'est in-cro-yable. Et ce n'est pas le souvenir d'un ego, d'une personne: c'est le souvenir d'une force en mouvement dans les vibrations générales. Et alors je vois des choses... fantastiques!
Mais tout de suite, c'est effacé; dès que je me réveille, la première chose que je fais (geste d'offrande), c'est de présenter tout ça au Seigneur: la cause, l'effet, l'image, la sensation – tout. Tout comme ça, et puis je Lui dis: «Maintenant, c'est à Toi.» Et alors j'oublie – heureusement, Dieu merci!
Mais c'est toutes les nuits. Alors ça se traduit par toutes sortes de scènes, toutes sortes de symboles, toutes sortes de souvenirs, depuis des paroles jusqu'à des images. Et c'est par groupes et catégories de tendances: ça représente les différentes tendances humaines, dans les détails – c'est infinitésimal. C'est seulement parce que ça se multiplie à des millions d'exemplaires que ça peut avoir une importance – mais ce n'est rien! C'est des riens. Et c'est tout ça qui barre le chemin.
Ce n'est vraiment pas intéressant.
(silence)
Peut-être après des années, y aura-t-il un résultat tangible?... Et encore, je ne suis pas sûre qu'il ne sera pas limité. Si c'était un résultat terrestre, ça vaudrait la peine, mais il est possible que ce soit très limité.
Ça me fait l'effet d'un travail de miniature qui s'exécute avec une loupe et des petits points – les miniatures, ça se fait avec un pinceau tout petit, très pointu, et on fait des petits points, et on a une grosse loupe. Ça me fait l'effet de ce travail. Et il faut beaucoup-beaucoup-beaucoup de petits points pour faire seulement un bout de joue.
(silence)
Des tout petits points, tout petits points. .

 

Et c'est si terne! Si terne, si gris, si uniforme, si – pas intéressant, tout à fait neutre –, que la moindre petite lumière, ça brille comme une étoile! Le moindre tout petit-petit-petit progrès, oh! ça paraît une chose extraordinaire. Comme, par exemple, l'attitude de certaines cellules vis-à-vis d'un désordre physique qui, naturellement, comme tous les désordres physiques, a tendance à se répéter; et alors l'attitude des cellules change – ce n'est pas le désordre (!) lui, il ne change qu'à cause de la réaction des cellules, c'est ça qui le fait changer; lui, il vient avec une régularité de pendule – c'est son métier. Et c'est la réception, la réaction des cellules qui produit le changement. Alors il y a une différence dans la réaction des cellules et, à l'observation (l'observation impersonnelle, générale), je vois bien qu'il y a deux genres de changements (on ne peut pas appeler cela de «progrès»), mais deux genres de changements dans la réaction: il y a un changement qui va en s'améliorant, en ce sens que la réaction est moins sensible, les cellules sont moins affectées et deviennent de plus en plus, non seulement conscientes mais MAÎTRESSES de la réaction (ça, généralement, c'est très inconscient chez les gens, mais c'est ce qui amène la guérison); et puis il y a la détérioration: sous la persistance de l'attaque, les cellules s'affolent, deviennent de plus en plus affectées et effrayées, et finalement ça fait un désordre épouvantable et une catastrophe. Eh bien, tout cela, c'est observé, vu; on a l'expérience de tout ça; mais... (riant) on explique ça dans la médecine ordinaire avec deux mots! N'est-ce pas, ce que je vois maintenant, c'est le processus – le processus, ils ne le connaissent pas; mais le résultat est connu. Eh bien, je constate que la conscience va grandissant, avec une diminution progressive de l'affolement des cellules et une sorte de maîtrise croissante. Évidemment c'est une constatation, si l'on peut dire plaisante, mais elle ne fait même pas plaisir! Ça paraît assez évident... Et puis c'est dans une proportion telle que pour obtenir un résultat vraiment impressionnant, ça prendrait des années, des années, des années, oh! combien d'années il faut! comme les choses sont lentes.
Alors ça ne m'intéresse pas d'en parler. Je préfère m'occuper d'autre chose – je fais le travail mais c'est tout1.
1. Il existe un enregistrement de cette conversation.

 

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