5 mai 1965
Tu as l'air pâle.
Je ne me sens pas très bien.
(silence)
J'ai l'impression de ne pas être ici, depuis... Mon corps est loin de moi.
La dernière fois, dans l'après-midi du jour où tu es venu, le 30, j'étais assez mal en point (Mère a eu des troubles «cardiaques»). Et depuis ce moment-là, j'ai l'impression de... d'être assez loin de mon corps... Je suis dans une conscience très-très diluée (geste répandu), très diluée1.
(Mère entre en méditation)
J'ai l'impression qu'il n'y a qu'une seule chose qui existe, c'est de mettre le contact – mettre la Vibration divine en contact avec la Matière. Et c'est la seule chose qui soit RÉELLE. Les choses se sont comme décantées ces jours-ci, depuis le 30; et ce matin, quand je me suis levée, c'était tellement fort que c'était vraiment la seule chose qui existait. Au point qu'il y avait la perception spontanée que le revêtement de la pensée là-dessus, quel qu'il soit, ou l'organisation de la vie, quelle qu'elle soit, n'a aucune importance – ce sont seulement les hommes qui leur donnent de l'importance, mais au point de vue du Travail, c'est seulement ça: être dans cet état dans lequel je me trouve (qui est un état très particulier), où la vibration, la vibration de la Matière, est mise en rapport, est unie – unie – à la Vibration divine.
Tout le reste... irréel2.
(long silence)
J'ai presque l'impression que la circulation ne se fait pas, je ne sais pas comment dire.
(Mère entre en concentration)
C'est comme cela (geste étal, étendu) im-mo-bi-le... Mais avec une grande intensité de vibration – la vibration qui ne se déplace pas3.
1. L'enregistrement du début de cette conversation n'a pas été conservé.
2. Nous n'avons malheureusement gardé que ce fragment d'enregistrement, tout le reste étant coupé de longues méditations-disparitions, comme des grands pans d'Alaska dans la neige.
3. Cette vibration qui ne se déplace pas est la Vibration supramentale.

 

Tu n'as pas de nouvelles de ta maman? Je te demande cela parce que, hier, j'étais en rapport avec elle et avec ton frère...
(longue méditation)
Ça peut durer comme cela indéfiniment.
Alors, qu'est-ce que nous allons faire? Si ça continue, nous n'aurons pas vite fait notre travail!
On a le temps.
On a le temps, oui! quand on se dit: «Il y a le temps», ça dure des années! Enfin, je ne le fais pas exprès – ça vient sur moi, et puis il n'y a rien à faire.
Mais ça va mieux pour toi?
Oui, douce Mère.
(silence)
Il y a le sentiment croissant d'un Pouvoir qui commence à être sans limite. Mais justement cet état est associé à ces difficultés (troubles cardiaques ou circulatoires). Et n'est-ce pas, je ne décide rien, je ne fais rien (pour obtenir cet état) : je suis comme cela (geste immobile, paumes ouvertes vers le Haut), dans «quelque chose» qui semble pouvoir être éternellement comme cela. Mais là-dedans, je perçois des vagues, des ondes, des mouvements (et quelquefois des concentrations quand il s'agit d'événements terrestres), d'une puissance formidable.
Il n'y a qu'à rester tranquille, et puis voilà, on verra bien ce qui arrivera.
Mais il faut que, toi, tu deviennes de plus en plus fort physiquement.
Ça va.
Ça, c'est très-très important, parce que nous aurons beaucoup de travail à faire ensemble; je le sais.

 

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