7 juillet 1965
(À propos du dernier rhume. Mère se met à parler en anglais après avoir écouté la traduction anglaise des derniers «Aphorismes» que Nolini a apportée:)
I don't know for others but for a very long time in life when there is an illness (some illness of any kind) automatically the cells forget everything, all their sadhana and everything, and it is
1. N° 110, du 29 mai 1965.

 

only slowly when you get out of the illness, that the cells begin to remember. And then, my ambition was (I remember that, it was long ago, many years ago) my ambition was that the cells should remember when being ill – which is absurd because it would have been better to aspire to have no illness! But for a time it was like that. The first time that the cells remembered, oh! I was very happy. But now, it is the opposite; that is, as soon as the disorder comes, the cells first... first they got a little anxious: «Oh, we are so bad that we are still catching illnesses» – that was a period; and then, afterwards there was the impression: «Oh, You want to teach us a lesson, we have something to learn» – that was already much better: a kind of eagerness. And now there is an intense joy and a kind of power; a power that comes, a power of aspiration and a power of realisation that comes with the sense: «We are winning a victory, we are winning a new victory...» That is my condition of the last days.
I know how this cold came in, it comes only by negligence – not exactly... on ne fait pas attention.
(traduction)
Je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres, mais pendant très longtemps dans la vie, quand il y a une maladie, n'importe quelle maladie, automatiquement les cellules oublient tout, toute leur sâdhanâ, tout, et c'est seulement quand on sort de la maladie, que les cellules commencent à se souvenir. Alors mon ambition était (je me souviens, c'était il y a longtemps, bien des années), mon ambition était que les cellules se souviennent pendant qu'elles étaient malades – ce qui est absurde parce qu'il aurait mieux valu qu'elles aspirent à ne pas être malades! Mais à une époque, c'était comme cela. Et la première fois que les cellules se sont souvenues, oh! j'étais si heureuse... Mais maintenant, c'est l'inverse: dès que le désordre vient, les cellules commencent... D'abord elles étaient un peu anxieuses: «Oh! nous sommes si mauvaises que nous attrapons encore des maladies» – c'était une période; puis, plus tard, elles avaient l'impression: «Oh! Tu veux nous apprendre une leçon, nous avons quelque chose à apprendre» – c'était déjà beaucoup mieux: une sorte d'ardeur. Et maintenant, il y a une joie intense et une sorte de pouvoir; un pouvoir vient, un pouvoir d'aspiration et un pouvoir de réalisation viennent avec le sentiment: «Nous gagnons une victoire, nous gagnons une nouvelle victoire...»
C'est l'état de ces derniers jours.

 

Je sais comment ce rhume est entré, c'est venu seulement par négligence – pas exactement... on ne fait pas attention.
(suite de la conversation)
Par exemple, le docteur avait un rhume, je l'ai su tout de suite; tout de suite, j'ai fait le nécessaire et je n'ai rien attrapé; mais quelqu'un d'autre avait un rhume, je ne faisais pas attention, et en manipulant les choses qu'il manipulait, je l'ai attrapé – je m'en suis aperçue quand c'est entré: c'était déjà trop tard. J'ai dit bon, puis ça a suivi tout son cours. C'était particulièrement violent, je crois parce que les cellules sentaient: «Ah! (d'abord la joie) ah! maintenant nous allons faire un progrès», puis une espèce de force, de puissance de transformation est venue comme cela, avec la maladie, et c'est pour cela que la maladie a pris son plein développement. À un moment donné, ça allait dépasser certaine limite et ce serait devenu très gênant pour le travail, alors j'ai dit: «Non-non! fais attention, parce que je ne peux pas cesser mon travail comme cela.» Comme si l'on disait: «Assez de ces mauvaises plaisanteries, on ne veut plus être malade.» Alors une force est venue, quelque chose... comme un boxeur.
C'était très-très intéressant.
Et le jeu de la volonté sur les cellules, la façon dont les cellules obéissent à la volonté, c'est très intéressant. Parce que c'est entendu, maintenant ce n'est pas une volonté individuelle (ce n'est pas une volonté personnelle, ce n'est rien qui ressemble aux vieilles histoires d'avant), mais c'est... la Volonté d'Harmonie dans le monde: le Seigneur sous son aspect d'harmonie. Il y a le Seigneur sous son aspect de transformation et il y a le Seigneur sous son aspect d'harmonie. Mais le Seigneur sous son aspect d'harmonie a la volonté d'harmoniser; alors cette volonté d'harmonie vient, elle agit à son tour en disant: «Pas tout pour la Volonté de Transformation! Il ne faut pas aller trop vite parce qu'on va tout démolir! Il faut avoir la volonté d'harmonie et que les choses aillent selon un mouvement rythmique et harmonieux», et alors tout s'arrange.
À vrai dire (c'était une étude très serrée ces jours-ci), je ne sais pas ce que c'est qu'une maladie. Ils parlent de virus, ils parlent de microbes, ils parlent... mais on est entièrement fait de ces choses! c'est seulement leur interplay [interaction], leur façon de s'ajuster et de s'harmoniser qui fait toute la différence. Il n'est rien qui ne soit un «microbe» ou un «virus» – ils donnent de vilains noms aux choses qu'ils ne veulent pas, mais c'est tout la même chose!...

 

Pour les cellules, ce n'est pas ça – ce n'est pas ça, mais: suivre la Volonté de Transformation (quelquefois un peu brutale – brutale par rapport à cette toute petite chose qu'est un corps), ou suivre la Volonté d'Harmonie, qui est toujours plaisante, et qui est toujours là même quand, extérieurement, les choses se décomposent.
C'est une explication plus vraie, cela explique mieux que toutes les notions de maladie.
Je ne crois pas beaucoup aux maladies.
Il n'y a pas deux maladies pareilles.
Je suis sûre (je ne suis pas un savant, mais si je savais), je suis sûre qu'il n'y a pas deux microbes pareils1.
*
* *
Puis Mère passe à «Savitri»: le dialogue avec la Mort.
Il continue? Qu'est-ce qu'il offre encore à Savitri?
Des «daughters», des «sons»! [des filles et des garçons].
Oh! il est ignoble (riant), il est ignoble de vulgarité. (Mère lit:)
Daughters of thy own shape in heart and mind Fair hero sons and sweetness undisturbed2.,, (x.m.637)
Tu vois cette joie! Oh!... il est d'une vulgarité cet être! Non, il y a vraiment des gens que cela tente?
Je crois que Sri Aurobindo a fait exprès très vulgaire cette Mort, pour décourager tous les illusionnistes et les nirvânistes.
Mais même quand j'étais toute petite, cinq ans, cela me semblait common place [vulgaire], tandis que si l'on m'avait dit: «Qu'il n'y ait plus de cruauté dans le monde», ah! voilà qui m'aurait semblé valoir la peine. «Qu'il n'y ait plus d'injustice, qu'il n'y ait plus de souffrance parce que les gens sont méchants», voilà quelque chose à quoi l'on peut se consacrer. Mais faire des filles et des garçons...
1. Il existe un enregistrement de cette conversation. La suite n'a pas été conservée.
2. Des filles à l'image de ton cœur et de ta pensée
Des fils héroïques et blonds et une douceur sans trouble...

 

Je ne me suis jamais sentie très maternelle physiquement. Il y a des millions et des millions de gens qui font ça, alors recommencer? – Non, vraiment, ce n'est pas pour cela que l'on est né.
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