29 septembre 1965
Ça va, non? Je crois...
Tu es étonné que je dise «ça va»? (Mère rit) Ça va: leur hypocrisie s'étale, tout le monde est obligé de la voir2.
1. Il existe un enregistrement de cette conversation.
2. Mère fait probablement allusion (outre les violations du cessez-le-feu par le Pakistan) à une déclaration de Delhi annonçant que l'Inde considérait comme périmé le traité de 1954 signé par Nehru où l'Inde reconnaissait la suzeraineté de la Chine sur le Tibet. (Cette «déclaration» n'a pas tenu longtemps.)

 

Je reçois de bonnes indications. Ils continuent à se battre là-bas.
Tiens, encore un nouveau papier (Mère tend un extrait de lettre de.Sri Aurobindo). C'est très intéressant:
«For instance, India is free and her freedom was necessary if the divine work was to be done. The difficulties that surround her now and may increase for a time, especially with regard to the Pakistan imbroglio, were also things that had to come and to be cleared out... Here too there is sure to be a full clearance, though unfortunately, a considerable amount of human suffer-ing in the process is inevitable. Afterwards the work for the Divine will become more possible arid it may well be that the dream, if it is a dream, of leading the world towards the spiritual light, may even become a reality. So I am not disposed even now, in these dark conditions to consider my will to help the world as condemned to failure.»
Sri Aurobindo 4.4.1950
(traduction)
«Par exemple, l'Inde est libre et sa liberté était nécessaire pour que l'œuvre divine puisse s'accomplir. Les difficultés qui l'assiègent maintenant et qui peuvent croître pendant un certain temps, surtout en ce qui concerne l'imbroglio pakistanais, faisaient aussi partie des choses qui devaient venir pour être nettoyées... Là aussi, il est certain que le nettoyage sera complet, bien que, malheureusement, une somme considérable de souffrances humaines soit inévitable pour en arriver là. Après, le travail pour le Divin deviendra plus réalisable et il se peut bien que ce rêve – si rêve il y a – de conduire le monde vers la lumière spirituelle devienne même une réalité. Par conséquent, je ne suis pas disposé, même maintenant, au milieu de cette sombre situation, à considérer que ma volonté d'aider le monde soit condamnée à l'échec.»
Sri Aurobindo 4 avril 1950
C'est bien, n'est-ce pas.
Oui, on a l'impression que cette histoire du Pakistan est

 

symbolique et tant que ce ne sera pas réglé, l'Inde ne jouera pas son rôle dans le monde.
C'est cela.
Et c'est par ce symbole que l'hypocrisie de l'Inde de Gandhi et toutes ses erreurs doivent être balayées en même temps.
Tout à fait.
Tu disais que tu avais reçu des indications?
Matérielles: des lettres, des gens, des choses... Je ne peux pas parler de cela. Un mouvement politique.
Le message (L'Inde est une) 3l été un peu partout, et accepté. Il vaut mieux ne pas en parler.
On sera bien content quand ce sera réglé... parce qu'il est aima-ble ce pays!
Il est prédestiné.
Il n'y en a pas deux comme celui-là (il est vrai qu'il n'y a pas deux pays pareils, mais les autres, ce sont toutes sortes de choses différentes sur un même plan), mais ça, il n'y a qu'ici.
C'est quelque chose que l'on respire avec l'atmosphère du pays.
J'ai eu cette expérience très-très forte. Quand je suis partie d'ici et à mesure que je m'éloignais, je me sentais comme vidée de quelque chose, et dans la Méditerranée, je n'ai plus pu le supporter: je suis tombée malade. Et même au Japon, qui au point de vue extérieur est un pays admirable – admirablement beau, harmonieux (il ÉTAIT, je ne sais plus ce qu'il est maintenant), et extérieurement c'est une joie de chaque minute, une joie ahurie tellement la beauté s'exprimait –, et je me sentais vide-vide-vide, il me manquait absolument... (Mère ouvre la bouche comme si Elle suffoquait)... il me manquait la Chose importante. Et je ne l'ai retrouvée qu'en rentrant ici.

 

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