8 juin 1966
(À la suite d'un ancien Entretien, du 19 avril 1951, où Mère disait: «On fait comme une chasse intérieure, on va à la chasse des petits coins noirs... On offre la difficulté, en soi-même ou dans les autres, quel que soit le siège de sa manifestation, à la Conscience divine en lui demandant de la transformer.»)

 

Justement, c'est ce que j'ai fait depuis deux jours! Depuis deux jours, j'ai passé tout mon temps à voir toute ce... oh! une accumulation de tas de petites choses sordides, et que l'on vit constamment, des toutes petites choses sordides. Et alors, il n'y a qu'un moyen – il n'y a qu'un moyen, toujours le même: offrir.
C'est presque comme si cette Suprême Conscience vous mettait en contact avec des choses tout à fait oubliées qui appartiennent au passé – qui sont même, ou qui étaient, qui semblaient complètement effacées, avec lesquelles on n'avait plus de contact –, toutes sortes de petites circonstances, mais alors vues dans la nouvelle conscience, à leur vraie place, et qui font un ensemble si pauvre, si misérable, si mesquin, si sordide, de toute la vie, la vie humaine générale. Et alors, c'est une joie lumineuse de l'offrande de tout cela pour la transformation, pour la transfiguration.
Maintenant, c'est devenu le mouvement même de la conscience cellulaire. Toutes les faiblesses, toutes les réponses aux suggestions adverses (je veux dire: les toutes petites choses de chaque minute, dans les cellules), ça vient quelquefois en vagues, au point que le corps a l'impression qu'il va défaillir devant cet assaut, et puis... c'est une lumière si chaude, si profonde, si douce, si puissante, qui remet tout en ordre, en place, qui ouvre le chemin vers la transformation.
Ces périodes-là sont des périodes très difficiles de la vie corporelle; on a l'impression qu'il n'y a plus qu'une chose qui décide: c'est la suprême Volonté. Il n'y a plus aucun support – aucun support, depuis le support de l'habitude jusqu'au support de la connaissance et au support de la volonté, tous les supports ont disparu: il n'y a que le Suprême.
(silence)
L'aspiration dans la conscience cellulaire à la sincérité parfaite de la consécration.
Et l'expérience vécue – vécue intensément – que c'est seulement cette sincérité absolue de la consécration qui permet l'existence.
La moindre prétention est une alliance avec les forces de dissolution et de mort.
Alors, c'est comme un chant des cellules – mais qui ne doivent même pas avoir l'insincérité de se regarder faire –, le chant des cellules: «Ta Volonté, Seigneur, Ta Volonté...»
Et l'immense habitude de dépendre de la volonté des autres, de la conscience des autres, des réactions des autres (des autres et de toutes les choses), cette espèce de comédie universelle que tous

 

jouent à tous et que tout joue à tout, doit être remplacée par une sincérité spontanée, absolue, de la consécration.
Il est évident que cette perfection de la sincérité n'est possible que dans la partie la plus matérielle de la conscience.
C'est là que l'on peut arriver à être, à exister, à faire, sans se regarder être, sans se regarder exister, sans se regarder faire, avec une sincérité absolue1.
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Peu après
Cet Entretien [du 19 avril 1951] m'intéresse infiniment. C'est juste le lieu de l'effort actuel.
C'est très intéressant, cette corrélation constante entre le travail intérieur et le travail extérieur, comme par exemple la préparation de ce Bulletin2. Je vois bien que la cause initiale vient toujours du dehors («du dehors» par rapport à ce corps), en ce sens que le lieu de l'effort dépend de l'état de santé des gens qui m'entourent, d'un certain ensemble de circonstances, et puis d'un travail intellectuel (comme ce Bulletin); ce sont les causes; parce que là (geste au front), c'est vraiment l'immobilité tranquille et silencieuse. Donc c'est seulement ce qui vient du dehors.
Et le corps est de plus en plus conscient: il a une perception très aiguë des vibrations qui viennent des vieilles habitudes, des vieilles manières d'être et de l'opposition, et de la présence de la Vraie Vibration. Alors c'est une question de dosage et de proportion, et quand la quantité, la somme des vieilles vibrations, des vieilles habitudes, des vieilles réponses, est trop grande, cela produit un désordre qui demande l'immobilité et la concentration pour être surmonté, et qui donne une perception si claire, si intense, de la fragilité de l'équilibre et de l'existence. Et alors, derrière: une Gloire. La Gloire de la Lumière divine, de la Volonté divine, de la Conscience divine, du Mobile éternel.
1. Il existe un enregistrement de cette conversation. La suite n'a pas été conservée.
2. Le disciple avait lu cet Entretien à Mère pour le prochain Bulletin.

 

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