30 septembre 1966
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Après la lecture d'une lettre inédite de Sri Aurobindo:
«... Bien que Saint Paul ait eu de remarquables expériences mystiques et certainement une très profonde connaissance spirituelle (profonde plutôt que large, je crois), je ne jurerais pas
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1. (Traduction) Cette dame qui souffrait d'un cancer (les poumons étaient presque partis) a commencé miraculeusement à se remettre. Vraiment, c'est presque un miracle. Son mari qui est ici a dit: «Je suis chirurgien et j'ai opéré tant de cas de ce genre, je sais ce que c'est, et graduellement cela a presque disparu. C'est miraculeux.» Maintenant, elle marche.
2. (Traduction) Elle est bouleversée, elle dit: «Je ne comprends pas», et le docteur sait ce que c'est, il a tenté des opérations sur les poumons tant de fois.
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qu'il se réfère ici1 à un corps supramentalisé (un corps PHYSIQUE supramentalisé). Peut-être se réfère-t-il au corps supramen-tal ou à quelque autre corps lumineux, dans leur propre sphère et dans leur propre substance originales, qu'il sentait parfois l'envelopper et abolir ce corps de mort qu'était pour lui l'enveloppe matérielle. Ce verset, comme beaucoup d'autres, est susceptible de plusieurs interprétations et pourrait se référer à une expérience purement supraphysique. L'idée d'une transformation du corps se retrouve en diverses traditions, mais je n'ai jamais été tout à fait sûr qu'il s'agissait d'un changement dans cette matière même. Il y avait un yogi dans notre région, il y a quelque temps, qui l'enseignait, mais il espérait disparaître dans la lumière quand le changement serait complet. Les Vichnouites aussi parlent d'un corps divin qui remplacera celui-ci une fois que la «siddhi» (réalisation) sera complète. Mais encore une fois, s'agit-il d'un corps divin physique ou supraphysique? Quoi qu'il en soit, rien n'empêche de supposer que toutes ces idées, ces intuitions, ces expériences, annoncent la transformation physique, même si elles ne la dénotent pas exactement.»
Sri Aurobindo 24 décembre 1930
C'est curieux, c'était encore le sujet de mes méditations (pas voulues: qui s'imposent d'en haut), ces jours-ci. Parce que, dans tout ce passage de la plante à l'animal et de l'animal à l'homme (surtout de l'animal à l'homme), au fond les différences de forme sont minimes: la vraie transformation, c'est l'intervention d'un autre agent de conscience. Toutes les différences entre la vie de l'animal et la vie de l'homme viennent de l'intervention du Mental; mais la substance est essentiellement la même et elle obéit aux mêmes lois de formation, de construction. Par exemple, entre un veau qui se forme dans le ventre de la vache et l'enfant qui se forme dans le ventre de la mère, il n'y a pas beaucoup de différence. Il y a une différence: celle de l'intervention du Mental. Mais si nous envisageons un être PHYSIQUE, c'est-à-dire visible comme le physique est visible maintenant et de la même densité; par exemple, un corps qui n'aurait pas besoin de circulation ni d'os (surtout ces deux choses: le squelette et la circulation du
1. «Le corruptible doit revêtir l'incorruption et le mortel doit revêtir l'immortalité. Quand le corruptible aura revêtu l'incorruption et quand le mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira ce qui est écrit: La mort est engloutie dans la victoire.» (I Corinthiens 53-54)
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sang), c'est très difficile à concevoir. Et tant que c'est comme cela, avec cette circulation du sang, ce fonctionnement du cœur, on pourrait imaginer – on peut imaginer – par un pouvoir de l'Esprit, le renouvellement de la force, de l'énergie, par d'autres moyens que la nourriture, c'est concevable; mais la rigidité, la solidité du corps, comment est-ce possible sans squelette?... Alors ce serait une transformation infiniment plus grande que celle de l'animal à l'homme; ce serait un passage de l'homme à un être qui ne serait plus construit de la même manière, qui ne fonctionnerait plus de la même manière, qui serait comme une densification ou une concrétisation de... «quelque chose». Jusqu'à présent, cela ne correspond à rien de ce que nous avons vu physiquement, à moins que les savants n'aient trouvé quelque chose que je ne connais pas.
On peut concevoir qu'une lumière ou une force nouvelle donne aux cellules une espèce de vie spontanée, une force spontanée.
Oui, c'est ce que je dis: la nourriture peut disparaître; ça, on le conçoit.
Mais tout le corps pourrait être animé par cette force. Le corps pourrait rester souple, par exemple. Tout en ayant son ossature, il pourrait rester souple, avoir la souplesse d'un enfant.
Mais l'enfant ne peut pas se tenir debout à cause de cela! Il ne peut pas faire d'efforts. Qu'est-ce qui remplacerait l'ossature, par exemple?
Ce pourrait être les mêmes éléments, mais qui auraient une souplesse. Des éléments dont la fermeté ne vient pas de la dureté, mais vient de la force de lumière, non?
Oui, c'est possible... Seulement, ce que je veux dire, c'est que peut-être, cela se fera encore par une grande quantité de nouvelles créations. Par exemple, le passage de l'homme à cet être, peut-être se fera-t-il par toutes sortes d'autres intermédiaires? C'est le saut, tu comprends, qui me paraît formidable.
Je conçois très bien un être qui pourrait, par la puissance spirituelle, la puissance de son être intérieur, absorber les forces nécessaires, se renouveler et rester toujours jeune; on conçoit cela très bien; même de donner une certaine souplesse de façon à pouvoir changer la forme, au besoin; mais pas la disparition totale de
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ce système de construction immédiatement – immédiatement de l'un à l'autre, ça paraît être... Ça paraît nécessiter des échelons.
Il est évident qu'à moins qu'il ne se produise quelque chose (que nous sommes obligés d'appeler un «miracle» parce que l'on ne peut pas comprendre comment), un corps comme le nôtre, comment peut-il devenir un corps entièrement construit et mû par une force supérieure, et sans support matériel?... Ça (Mère saisit la peau de ses mains entre ses doigts), comment est-ce que ça peut changer en cette autre chose?... Cela paraît impossible.
Ça paraît miraculeux, mais...
Oui, dans toutes mes expériences, je comprends très bien la possibilité de ne plus avoir besoin de manger, que tout ce processus disparaisse (par exemple, changer la méthode d'absorption, c'est possible), mais comment changer la structure?
Moi, ça ne me semble pas impossible.
Ça ne te paraît pas impossible?
Non, c'est peut-être de l'imagination, mais j'imagine très bien une puissance spirituelle qui entre là-dedans et qui produise une espèce de gonflement lumineux, et tout cela s'épanouit tout d'un coup comme une fleur. Ce corps, qui est recroquevillé sur lui-même, il s'épanouit, il devient radieux, il devient souple, lumineux.
Souple, plastique, ça aussi on conçoit que cela puisse être plastique, c'est-à-dire que la forme ne soit pas fixe comme maintenant. Tout cela, on le conçoit, mais...
Mais je vois très bien cela comme une espèce d'épanouissement lumineux: la Lumière doit avoir cette force. Et ça ne détruit rien de la structure actuelle.
Mais visible? que l'on pourrait toucher?
Oui. Simplement, c'est comme un épanouissement. Ce qui est refermé s'épanouit comme une fleur, c'est tout; mais c'est toujours la structure de la fleur, seulement elle est toute épanouie et elle est rayonnante, non?
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Oui, mais... (Mère hoche la tête et reste un moment silencieuse) Je manque d'expérience, je ne sais pas.
Je suis absolument convaincue (parce que j'ai eu des expériences qui me l'ont prouvé) que la vie de ce corps – la vie, ce qui le fait mouvoir, changer –, peut être remplacée par une force; c'est-à-dire que l'on peut créer une sorte d'immortalité, et l'usure aussi peut disparaître. Ce sont les deux choses possibles: la puissance de vie peut venir et l'usure peut disparaître. Et cela peut venir psychologiquement, par une obéissance totale à l'Impulsion divine, ce qui fait qu'à chaque moment, on a la force qu'il faut, on fait la chose qu'il faut – tout cela, tout cela, ce sont des certitudes. Des certitudes. Ce n'est pas un espoir, ce n'est pas une imagination: ce sont des certitudes. N'est-ce pas, il faut éduquer et lentement transformer, changer les habitudes. C'est possible, tout cela est possible. Mais seulement, combien de temps faudrait-il pour supprimer la nécessité (prenons seulement ce problème-là) du squelette? Ça, il me semble que c'est très loin en avant encore. C'est-à-dire qu'il faudra beaucoup de stades intermédiaires. Sri Aurobindo avait dit que l'on peut prolonger la vie indéfiniment. Ça, oui. Mais nous ne sommes pas construits encore avec quelque chose qui échappe complètement à la dissolution, à la nécessité de la dissolution. Les os sont très durables, ils peuvent même durer mille ans si l'on est dans des conditions favorables, c'est entendu, mais cela ne veut pas dire immortalité EN PRINCIPE. Tu comprends ce que je veux dire?
Non. Tu crois qu'il faudrait que ce soit une substance non-physique?
Je ne sais pas si c'est non-physique, mais c'est un physique que je ne connais pas! Et ce n'est pas la substance telle que nous la connaissons maintenant, surtout pas la construction que nous connaissons maintenant.
Je ne sais pas, mais si ce doit être un corps PHYSIQUE (comme Sri Aurobindo l'a dit), il m'avait semblé (mais c'est peut-être une rêverie) que cela pourrait être comme un bouton de lotus, par exemple: notre corps actuel est comme un bouton de lotus qui est petit, fermé, dur, et... ça s'épanouit, ça devient une fleur.
Oui, mais ça, mon petit, c'est...
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Qu'est-ce que cette Lumière ne peut pas faire des éléments qu'elle a?? Ce sont les mêmes choses, les mêmes éléments, mais transfigurés.
Mais les choses végétales ne sont pas immortelles. Non, c'est une comparaison seulement Eh bien, oui!
C'est seulement cette question. Un perpétuel changement, je le conçois; je pourrais même concevoir une fleur qui ne se fane pas; mais c'est ce principe d'immortalité... C'est-à-dire, au fond, une vie qui échappe à la nécessité du renouvellement: que ce soit la Force éternelle qui se manifeste directement et éternellement, et que ce soit tout de même ça, un corps physique (Mère touche la peau de ses mains).
Je comprends très bien un changement progressif et que l'on arrive à faire de cette substance quelque chose qui pourrait se renouveler du dedans au dehors et éternellement, et ça, ce serait l'immortalité; mais seulement, il me paraît qu'entre ce qui est maintenant, tels que nous sommes, et cet autre mode de vie, il faudrait beaucoup d'échelons. N'est-ce pas, ces cellules, avec toute la conscience et l'expérience qu'elles ont maintenant, si tu leur demandes, par exemple: «Est-ce qu'il y a quelque chose que vous ne pouvez pas faire?» Dans leur sincérité, elles répondront: «Non, ce que le Seigneur veut, je peux le faire.» C'est leur état de conscience. Mais dans l'apparence, c'est autrement. L'expérience personnelle est ainsi: tout ce que je fais avec la Présence du Seigneur, je le fais sans effort, sans difficulté, sans fatigue, sans usure, comme cela (Mère étend les bras dans un grand Rythme harmonieux), seulement c'est encore ouvert à toute l'influence du dehors et le corps est obligé de faire des choses qui ne sont pas directement l'expression de l'Impulsion suprême, d'où la fatigue, le frottement... Alors, un corps supramental suspendu dans un monde qui n'est pas la terre, ce n'est pas ça!
Non.
Il faut quelque chose qui ait le pouvoir de résister à la contagion. L'homme ne peut pas résister à la contagion de l'animal, il ne peut pas, il a des relations constantes. Eh bien, cet être, comment
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fera-t-il?... Il semblerait que pendant longtemps – pendant longtemps –, ce sera encore soumis à des lois de contagion.
Je ne sais pas, mais cela ne me semble pas impossible.
Non?
J'ai l'impression que cette Puissance de Lumière étant là, qu'est-ce qui peut la toucher?
Mais tout le monde disparaîtrait! C'est cela, n'est-ce pas.
Quand Ça vient, quand le Seigneur est là, il n'y en a pas un sur mille pour qui ce ne soit pas terrifiant. Et pas dans le raisonnement, pas dans la pensée: comme ça, dans la chair. Alors, admets – admets que ce soit comme cela: qu'un être soit la condensation et l'expression, une formule de la Puissance suprême, de la Lumière suprême – qu'est-ce qui se passerait!
Eh bien, c'est tout le problème.
Oui.
Parce que je ne vois pas la difficulté de la transformation en soi. Ça me semble plutôt la difficulté du monde.
Si tout pouvait se transformer en même temps, ça irait, mais ce n'est visiblement pas comme cela. Si un être se transformait tout seul...
Oui, ce serait insupportable, peut-être. Oui!
C'est peut-être tout le problème.
Multiplie mille fois l'impression des tout petits enfants (je parle de ceux qui sont des êtres uniquement physiques, humains, pas de ceux qui sont des réincarnations), quand ce sont des êtres purement physiques, ils ne peuvent pas m'approcher, mon petit! ils se mettent à pleurer, ils tremblent! Et pourtant, je les aime et je les accueille avec toute ma tendresse et aussi calme que possible – ils se mettent à trembler et puis ils ont peur, c'est trop fort. Ceux
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qui portent autre chose en eux, les réincarnations, c'est différent: ils s'épanouissent, ils sont contents; mais quand il n'y a que ça, c'est-à-dire la substance extérieure... J'ai vu des grandes personnes arriver (j'ai fait l'expérience: je charge l'atmosphère, le Seigneur est présent), eh bien, j'ai vu des hommes de quarante ans entrer là-dedans et... brrt! s'enfuir littéralement, en dépit de toutes les lois sociales de politesse, et après avoir DEMANDÉ à venir, n'est-ce pas! Enfin tout était là pour qu'ils se conduisent décemment – impossible, ils ne pouvaient pas.
Mais moi qui ai l'expérience de toi, que je connais bien, il y a certaines fois où c'est redoutable.
Ah! tu vois.
Pas peur, mais... vraiment c'est... redoutable. Je ne te l'ai pas fait dire.
On sait bien – intérieurement, on sait: il n'y a rien à redouter, mais...
Oui.
C'est quand même très fort.
Non, c'est la substance qui redoute. Voilà.
Alors, prends la conscience d'un tout petit enfant, quand toi, toi...
Dans tes yeux, quelquefois il y a... il y a quelque chose1...
(Mère rit)
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