6 septembre 1967
... J'ai quatre paniers pleins comme cela, j'ai plus d'une centaine de lettres à lire! Et alors, le matin (Mère montre un paquet de lettres sur sa table), c'est comme cela, et l'après-midi ce sera la même chose. Puis A vient à sept heures du soir avec d'autres... C'est-à-dire de vingt-cinq à trente lettres par jour. Là-dessus (riant), en travaillant dur, je peux répondre à quatre ou cinq! Alors tu comprends, le résidu s'accumule: quatre paniers1!
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Peu après
J'ai fait des découvertes ces jours-ci... J'ai découvert que dans je ne sais quelles vies antérieures, mon psychique a été plusieurs fois dans un corps torturé. Et ça revient pour une action (comment dire?) mondiale, collective, de la terre, pour que la possibilité de la chose disparaisse. C'est assez intéressant comme travail.
Mais je m'en suis aperçue parce que je me disais: «Enfin pourquoi je m'occupe de cela tout le temps?» Alors j'ai regardé attentivement et j'ai vu que le psychique avait plusieurs fois été dans un corps torturé il y a assez longtemps quand c'était l'Inquisition, mais aussi dans des cas politiques (probablement beaucoup plus récemment). De véritables tortures, n'est-ce pas, de ces inventions où les hommes sont pires que des monstres – il n'y a pas d'animal qui soit aussi monstrueux qu'une conscience humaine comme cela... Et c'est revenu avec la «loi», le principe de la chose, de la déformation de la conscience, et quand j'ai eu compris, je me suis regardée (je me disais: «Pourquoi? pourquoi je m'occupe de

 

cela?»), et alors j'ai regardé, j'ai vu. Et j'ai commencé à faire le nécessaire pour que ça n'existe plus dans la création – il y a des choses qui n'existeront plus.
Mais rien dans la création qui appartient au monde minéral, au monde végétal, au monde animal, n'a besoin de disparaître. Il y a eu ces animaux monstrueux: ils ont disparu matériellement, mais pas... pas le principe de la création; c'est depuis que l'homme est là avec le mental: quand le mental a été tordu, déformé par les forces adverses. Ça, c'est vraiment laid.
Comment peut-on dissoudre ça? Dissoudre la torture, par exemple, ce genre de choses? les dissoudre de la conscience terrestre, que cela ne se reproduise plus, comment est-ce possible?
Oh! pour toutes les choses vraiment monstrueuses, il n'y a qu'une force – il n'y a qu'une force qui peut les dissoudre. Ça, je le savais en principe, mais je le sais maintenant en application: c'est la force d'Amour. Vraiment, l'Amour est tout-victorieux – mais le vrai Amour, pas ce que les hommes appellent P«amour», ça non: le vrai, l'Amour divin.
N'est-ce pas, on voit une goutte de «Ça» dans sa perfection, et toutes les ombres disparaissent – toutes les désharmonies disparaissent. C'est seulement dans sa perfection, dans sa pureté essentielle.
C'est vraiment la toute-puissance.
Et sans... sans le sens de la victoire, c'est cela qui est tellement-tellement merveilleux! C'est le Tout-Victorieux qui n'a pas du tout, du tout le sens d'être victorieux – pas du tout, du tout, du tout.
(silence)
Ce matin pendant plus d'une heure, il y a eu de véritables scènes (de torture) dans leur totalité, avec tous les détails, et puis alors... cette merveilleuse Chose.
Même au moment où la torture se produit, dans cette Conscience-là, ça disparaît. Et cela disparaît non seulement pour celui qui subit, mais pour celui qui fait. Et la Chose en elle-même. C'était intéressant.
Et il y avait tous les détails de l'histoire avec une telle précision! Les paroles prononcées, les gestes... Au point que si cela avait été simplement écrit, c'était un roman extraordinaire! C'est cela qui m'a étonnée parce que je ne suis pas écrivain et que généralement

 

ça ne m'intéresse pas, et pourquoi cela revenait comme cela, présenté d'une façon si totale?... Jusqu'à ce que... jusqu'à l'accomplissement – la fin était une merveille: Ça.
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(Puis Mère passe à la lecture du premier Entretien destiné au prochain «Bulletin». Dans cet Entretien, du 29 avril 1953, il était question des religions... comme par hasard. Mère disait notamment ceci: «... Autrement, il n'y aurait pas de religions: il y aurait des maîtres et des disciples, des gens qui auraient un enseignement supérieur et une expérience exceptionnelle. Ce serait très bien. Mais dès que le maître est parti, ce qui arrive, c'est que la connaissance qu'il donnait se change en religion. On établit des dogmes rigides, les règles religieuses naissent et on ne peut plus que s'incliner devant les Tables de la Loi, alors qu'au début ce n'était pas comme cela. On vous dit: "Cela est vrai, cela est faux, le Maître a dit... " Quelque temps après, le maître devient un dieu, et on vous dit: "Dieu a dit."»)
Je laisse passer ça?... Ça va faire un ouragan! (c'est bien d'ailleurs).
C'était comme cela ou tu l'as arrangé?
Non-non! Quelquefois j'arrange la grammaire, mais je n'y ai vraiment pas touché, c'était comme cela.
Je te demande cela parce que quand j'avais ces réunions (au Terrain de Jeu), il y avait des jours où je sentais la pleine Force comme cela (geste de descente), et tout ce que je disais venait directement. D'autres fois, c'était le souvenir qui parlait, alors c'était si plat! Mais quand tu me le relis, moi, je sens ceux qui étaient directs et ceux qui étaient simplement une machine qui tourne (!) Et celui-là, cet Entretien-là, c'était très bien.
Surtout les derniers, la dernière année, c'était très-très clair pour moi, très clair: il y avait des jours où Ça parlait (geste d'en haut), j'avais seulement la bouche, le son de la voix. D'autres fois, c'était tout le magasin des souvenirs, et ce qui s'exprimait ne valait rien du tout.
Pendant longtemps, ces Entretiens que l'on a publiés dans le Bulletin, j'ai souvent fait des arrangements parce que cela me

 

semblait trop parlé ou trop désarticulé. Mais maintenant que je prépare l'édition complète, je remets les choses à peu près textuellement comme tu les as dites, sauf quand vraiment cela heurte trop, quand c'est trop antigrammatical! Autrement, je laisse parce que je trouve que c'est comme cela que ça a sa force.
(Mère entre en contemplation)
Une grande tête comme cela... Il souriait et puis il montrait quelque chose à tous les deux comme cela, qui était l'image symbolique de ces Entretiens. C'était très intéressant! Et sa tête était grande comme cela (environ cinquante centimètres), toute lumineuse, de cette lumière supramentale qui est... c'est doré, mais il y a du rouge dedans – pas rouge: rose, mais... c'est inexprimable. C'est presque comme une flamme, mais ce n'est pas éblouissant; et ça vous donne le sens d'une force – d'une force vraiment toute-puissante. Il était là comme cela (geste entre Mère et le disciple) entre nous deux, et puis il avait sa main tendue (tout cela était de la même couleur), et dedans, il y avait un cube. Et ce cube, c'était tous ces Entretiens. Et alors il montrait le cube, et ce cube était de lumière transparente... (comment dire?) d'une lumière transparente steady [stable], tranquille – pas immobile, mais steady. Et il y avait dedans comme des veines: il y avait des veines bleues, il y avait des veines d'argent, il y avait... C'était un cube, n'est-ce pas, un cube parfait, mais alors ça bougeait: des veines bleues, des veines d'argent, des veines rouges, et puis, de temps en temps, une petite ligne sombre. Et alors il montrait ça pour dire: «Voilà comment c'est.» Et le tout était un cube transparent de lumière incolore, lumière transparente – purement transparente et purement lumineuse; et dedans, il y avait comme des courants qui passaient: quelquefois c'était à l'angle (et c'était mouvant, ce n'était pas immobile), et quelquefois c'était un bleu foncé (pas foncé, mais bleu – bleu, vraiment bleu), quelquefois c'était d'argent, quelquefois c'était blanc, et alors de place en place, de temps en temps, soit ici, soit là, soit là (geste en divers points), il y avait, à un coin ou à un bord (riant), une petite ligne noire!
Il tendait ça dans sa main et il riait!
C'était très bien! (Mère rit) c'était exactement la représentation de ces Entretiens.
Mais il voulait dire (certainement, ça avait l'air de cela), il voulait dire que l'ensemble était le cube – un cube bien organisé, d'une

 

lumière transparente très pure et très lumineuse, comme cela, et puis alors (riant), ça se promenait dedans!
Et je le voyais de profil (il était juste entre nous deux), je le voyais de profil et sa main, que je voyais, était juste entre nous deux comme cela, et il montrait ça pour que nous voyions tous les deux, et puis il souriait, il souriait... Je crois qu'il avait envie de rire1!
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