3 février 1968
(Mère commence par lire pour la Radio indienne le texte de ses «réminiscences» de sa vie en Inde: voir conversation du 27 janvier 1968.)
Et puis j'ai écrit quelque chose... Ils voulaient faire une sorte de brochure sur Auroville, à distribuer à la presse, aux gens du gouvernement, etc., le 281, et avant, il y a une conférence de toutes les nations («toutes les nations», c'est exagéré, mais enfin ils disent «toutes les nations») à Delhi, dans deux ou trois jours. Et Z y va, et elle veut emporter les papiers d'Auroville. Ils avaient préparé des textes – toujours longs, ça n'en finit plus: des discours, des discours. Alors j'ai demandé, je me suis concentrée pour savoir ce qu'il fallait dire. Et puis tout d'un coup Sri Aurobindo m'a donné une révélation. Ça, c'était intéressant. Je me suis concentrée pour savoir le pourquoi, le comment, etc., et puis tout d'un coup, Sri Aurobindo a dit... (Mère lit une note)
«L'Inde est devenue...
C'était la vision de la chose, et alors ça s'est traduit en mots français tout de suite.
«L'Inde est devenue la représentation symbolique de toutes les difficultés de l'humanité moderne.
L'Inde sera le lieu de sa résurrection, la résurrection à une vie plus haute et plus vraie.»
Et la vision claire: cette même chose qui dans l'histoire de l'univers a fait de la terre la représentation symbolique de l'univers afin de pouvoir concentrer le travail sur un point, le même phénomène se produit maintenant: l'Inde est la représentation de toutes les difficultés terrestres humaines, et c'est dans l'Inde que sera la... guérison. Et alors c'est pour cela – c'est POUR CELA que l'on m'a fait faire Auroville.
C'est venu, c'était tellement clair et formidable en puissance!
Alors j'ai écrit cela. Je ne leur ai pas dit comment ni pourquoi, mais je leur ai dit: mettez cela au commencement de votre papier,
1. Pose de la première pierre d'Auroville.

 

quel qu'il soit; vous pouvez raconter tout ce que vous voulez, mais ça, d'abord.
(silence)
C'était très intéressant. C'est resté tout le temps, pendant plus d'une heure, une vision si forte, si claire, tout d'un coup comme si tout devenait clair. Je me posais souvent la question (pas «posais la question», mais il y avait une tension pour comprendre pourquoi c'était devenu ici, dans l'Inde, un tel chaos, avec de si sordides difficultés, et tout cela comme une accumulation), et tout est devenu clair, tout de suite, comme cela. C'était vraiment intéressant. Et alors cela a été immédiatement: voilà pourquoi tu as fait Auroville. Je ne le savais pas, n'est-ce pas, je faisais la chose sous pression, et cela prenait des proportions de plus en plus grandes (ça devient vraiment terrestre), et je me disais: pourquoi?... J'avais pensé pendant un temps que c'était la seule possibilité actuelle d'empêcher la guerre1, mais cela me paraissait comme une explication un peu superficielle. Et puis tout d'un coup, c'est venu: ah! voilà.
Et alors, comme il y avait tout ce pouvoir là-dedans, j'ai dit: «Mettez ça.» On verra bien – ils ne comprendront rien mais ça ne fait rien, ça agira.
*
* *
Peu après
Et puis, je t'ai envoyé une petite note l'autre jour2... Et alors, ce matin (ce matin jusqu'à ce que je sois en contact avec les gens, toutes les premières heures de la matinée), il y a eu quelque chose. Je l'ai noté pour pouvoir te le dire parce que je savais que ça allait... non pas s'évaporer, mais s'atténuer (Mère lit):
«Le corps est baigné dans la Conscience Divine...
C'est comme flotter dans l'eau. C'est cela, l'impression; la Conscience Divine partout, très forte – très forte – comme cela, très puissante, et le corps est comme baigné là-dedans, et ça fait l'impression de quelque chose qui est encore... un peu coriace – c'est cela, un peu coriace, un peu comme une écorce –, un peu
1. Voir Agenda VII du 21 septembre 1966.
2. «Au lieu de la conscience à l'intérieur du corps, c'est le corps qui est à l'intérieur de la conscience, et pourtant c'est encore la conscience corporelle.»

 

coriace mais qui commence à être souple, qui commence à avoir cette souplesse, cette plasticité. Et alors les deux sont comme cela, intimement mélangés. Et ce corps, son état de conscience, son état d'être, sa manière d'être, est comme cela (Mère reprend sa lecture):
«Il fait de son mieux pour être translucide et transparent et pour ne pas obstruer ou déformer cette Conscience dans son action.»
C'est vraiment cela, pas positivement «transparent» parce que transparent... un verre, par exemple, est transparent et il reste dur; c'est un effort pour se fondre – pour se fondre, pour s'identifier comme cela, pour se fondre; au point que quand je suis très tranquille, que je ne bouge pas – rien ne bouge dedans, rien ne bouge dehors, assise tranquille –, que dedans tout-tout reste immobile, c'est comme s'il y avait une dilatation – une dilatation – et comme quelque chose qui a tendance à vouloir se fondre. C'est une impression très-très forte. Et alors, cela produit à travers les cellules une puissance de vibration extraordinaire! n'est-ce pas, quelque chose qui est tout à fait disproportionné avec le corps humain – formidable! – qui passe comme cela.
Ça m'est arrivé quelquefois avec des gens: tu sais que, toujours, je veux leur donner un «bain de Seigneur» comme je dis, quand ils viennent, mais il y en a qui répondent et qui «tirent», et alors à ce moment-là (c'est arrivé une ou deux fois), c'est comme si toutes les cellules se gonflaient, quelque chose qui devient très-très gros, très grand comme cela, et puis une vibration tellement... mais presque formidable, n'est-ce pas. Alors, quand ça arrive, que je regarde, il y a des gens qui fondent (pas beaucoup, très peu), mais il y en a qui sont épouvantés! qui se lèvent et qui se sauvent. Et il y en a qui ont ce qu'on appelle awe en anglais [terreur, effroi religieux]: ils sont abrutis. J'ai remarqué cela plusieurs fois. Je pensais simplement: le Seigneur fait son action – mais ce n'est pas cela! c'est... c'est qu'il y a vraiment quelque chose qui change dans le corps.
Mais maintenant c'est devenu clair et c'est devenu conscient, et le corps... Il suffit d'arrêter l'activité, mais deux ou trois secondes, une ou deux minutes au plus, pour que le corps se sente flotter, flotter comme cela, flotter... Et on voit une immensité, comme un océan de cette Conscience vibrante, lumineuse, dorée, puissante, et là-dedans, ça flotte... Je te dis, c'est encore un peu comme un bout d'écorce, mais il y a des parties qui s'effritent. C'est comme un bout d'écorce qui couvre maladroitement à certains endroits: ce sont

 

les choses qui... sentent encore l'identification; ce n'est pas l'identification parfaite parce qu'elle est encore sentie – mais sentie dans une béatitude!...
Au point de vue pratique, s'il y a quelque chose qui se dérange quelque part pour une raison quelconque (le plus souvent, sous l'influence de quelque chose qui vient du dehors d'une façon inattendue: il y a une douleur ici, quelque chose qui se dérange là, etc.), avec Ça, presque instantanément – presque instantanément –, la chose disparaît, et si je reste patiemment dans cet état, le souvenir disparaît. Et alors c'est comme cela que des désordres, qui étaient devenus des habitudes, petit à petit disparaissent.
Douce Mère, il y a une question que je me suis souvent posée. Ce n'est pas une question, c'est un état quand je médite: très souvent, je n'ai pas envie du tout de mantra, je n'ai pas envie du tout de rien du tout, je sens que je me laisserais couler béatifiquement dans une espèce de dissolution, vraiment comme une dissolution, une transparence complète, où justement il n'y a plus rien qui bouge. Et quand j'arrive à ce moment-là, il y a toujours quelque chose en moi qui reprend en disant «non»... Parce que j'éprouve aussi le besoin de garder l'aspiration, la vie de l'aspiration; parce que même la vie de l'aspiration disparaît là-dedans.
Oui, je connais cela.
Alors quelle est la bonne chose?
Sri Aurobindo l'a dit plusieurs fois: dès que l'annulation de l'être est faite, immédiatement l'essence, la raison essentielle de l'individualisation réapparaît sans les limites de l'ego. Mais cette chose dont tu parles, cette espèce d'angoisse qui fait que l'on arrête1, c'est un mouvement nécessaire jusqu'à ce que l'être tout entier soit prêt, parce que si cette annulation de la personnalité, de l'individu, se produisait avant que tous les éléments du corps, ou même du vital et du mental, ne soient prêts... n'est-ce pas, ce serait dissous, et alors on ne sait pas ce qui arriverait. Alors ce besoin de se reprendre arrive jusqu'au moment où l'on est tout à fait prêt – quand on est prêt, on peut se laisser aller. Et dès que la fusion est faite
1. Le disciple note que ce n'est pas une angoisse, mais plutôt une sensation que la vie de l'aspiration est plus importante que cette dissolution.

 

(comment dire?...), pas la «loi», mais on peut appeler cela la raison d'être, revient, sans les limitations de l'ego.
Cette expérience, je l'ai eue dans le vital et dans le mental; maintenant je vois dans le corps que c'est comme cela, que le rappel revient parce que telle ou telle partie, tel ou tel élément n'est pas encore prêt et qu'il faut attendre qu'il soit prêt. Mais justement dans l'expérience de ce matin, il n'y avait plus que comme des morceaux d'écorce qui flottaient.
Cela veut dire que le travail se fait très rapidement.
Mais le corps pourra se laisser aller comme cela, sans être dissous, quand il sera prêt. Et c'est cela, c'est la préparation. Le mouvement, c'est, oui, de se fondre totalement. Mais le résultat est l'abolition de l'ego, c'est-à-dire un état qui est inconnu, n'est-ce pas, on peut dire «pas réalisé physiquement», parce que tous ceux qui cherchaient le Nirvana, cherchaient cela en abandonnant leur corps, tandis que notre travail, c'est que ce soit le corps, la substance matérielle qui puisse se fondre; mais alors le principe de l'individualisation demeure et tous les inconvénients de l'ego disparaissent. C'est cela qu'on va essayer. Comment garder la forme sans qu'il y ait d'ego, c'est cela le problème? Eh bien, c'est comme cela que ça se fait, petit à petit, petit à petit. C'est pour cela que ça prend du temps: chaque élément est repris, transformé... La merveille, c'est cela, c'est cela (pour la conscience ordinaire, c'est un miracle), c'est de garder la forme en perdant tout à fait l'ego. Pour le vital, pour le mental, c'est plus facile à comprendre (pour la majorité des gens, c'est très difficile, mais enfin pour ceux qui sont prêts, c'est facile à comprendre, et alors l'action peut être beaucoup plus rapide), mais ici, ça (Mère désigne le corps), que ce ne soit pas dissous par ce mouvement de fusion?... Eh bien, c'est cela, c'est justement cela, l'expérience. Et il y a un petit mouvement de patience, un mouvement de... c'est vraiment l'essence profonde de la compassion: le minimum de déchet pour le maximum d'effet. C'est-à-dire que l'on va aussi vite que l'on peut, mais les délais viennent de la nécessité de préparation des différents éléments.
C'est justement la courbe si intéressante de ce qui se produit en ce moment. Il y a des moments où on a l'impression que tout-tout se dissout, se désorganise; et j'ai bien vu: au commencement, la conscience physique n'était pas suffisamment éclairée, et alors, quand ces préparations intérieures se faisaient, elle avait l'impression que: «Ah! ce doit être cela qui annonce la mort», et puis petit à petit est venue la connaissance que ce n'était pas du tout cela, que c'était seulement la préparation intérieure pour être apte, apte à

 

s'identifier. Et au contraire, alors, la vision très claire de cette plasticité si particulière, cette souplesse si extraordinaire que si elle était réalisée... une fois qu'elle est réalisée, c'est évidemment l'abolition de la nécessité de la mort.
Et cette expérience de ce matin, c'était... Tout était un immense océan de conscience lumineuse, si puissante! formidablement puissante. Et en même temps, c'est quelque chose de si doux, si compatissant, mais sans cause – il n'y avait pas de cause: comme ça. C'est comme l'Amour Divin qui est sans objet, c'est comme cela. Et alors ce corps qui commence à flotter dedans, de plus en plus léger, de plus en plus transparent, et qui reste encore... encore... L'impression, c'est une écorce, mais ce n'est même pas une écorce partout. C'est un curieux effet de quelque chose qui a des contradictions encore. Mais pas des contradictions volontaires, ce n'est pas cela: des incapacités – des impuissances, un manque de réceptivité. Mais ça, petit à petit, petit à petit, lentement, ça se guérit.
Chaque expérience – et ça va vite maintenant –, chaque expérience indique un grand pas en avant.
(silence)
Chaque fois que la règle ou la domination des lois ordinaires de la Nature est, sur un point ou un autre, remplacée (ou doit être remplacée ou va être remplacée sur un point quelconque) par l'autorité de la Conscience Divine, cela fait un état de transition qui a toutes les apparences d'un désordre formidable et d'un danger très grand. Et alors, le corps, tant qu'il ne sait pas, tant qu'il est dans son état d'ignorance, est pris de panique (c'est ce qui arrive chez presque tout le monde), pris de panique, croit à une grande maladie, et quelquefois cela se traduit même, à l'aide de l'imagination, par une maladie; mais à l'origine ce n'est pas cela: c'est le retrait, le retrait de la loi de la Nature ordinaire avec son adjuvant de loi vitale et mentale personnelles (mais la loi de la Nature dans le corps est généralement beaucoup plus forte que la loi du mental et du vital); eh bien, c'est le retrait de cette loi et le remplacement par l'autre; alors il y a un moment où ce n'est ni ça ni ça, et ce moment-là est critique. Mais si le corps commence à savoir, il reste immobile avec la foi – la confiance et la foi –, il reste immobile, alors tout va bien. Ça passe rapidement et tout va bien. Tant qu'il ne sait pas... ses réactions sont désastreuses. Mais pour le savoir automatiquement, spontanément, cela demande déjà qu'une grande partie des éléments du corps soient déjà conscients et transformés. Maintenant, ça va. Il n'y a pas si longtemps encore, il fallait s'arrêter, se taire, se

 

concentrer, appeler la Présence, faire acte de foi, alors tout rentrait dans l'ordre. Maintenant le mouvement est spontané.
Et la surface, justement la partie qui donne l'impression d'une écorce, c'est ce qui changera en dernier – qu'est-ce qui va se passer? Je ne sais pas... Je ne sais pas. Mais ça changera en dernier.
Et il y a des petits détails amusants. Quand je me trouve en présence de quelqu'un qui, pour une raison ou pour une autre, reçoit un choc ou a un malaise à cause du fait que je suis voûtée maintenant (quelqu'un qui m'a connue avant), cela crée une atmosphère qui donne au corps une sorte de regret de cette apparence (mais ce n'est pas un «regret»: c'est une désapprobation plutôt), de cette apparence de déchéance (c'est un exemple que je donne au milieu de beaucoup d'autres), alors il y a la très claire vision, presque immédiatement, de ce qui peut guérir cela, de l'état de conscience qui peut guérir cela. Mais il faut que ce soit un état spontané pour être constant... Il y aura un moment de transition pour cela comme pour tout le reste, et probablement il sera dangereux. Il faut que l'état de conscience-de-vérité soit suffisamment établi pour qu'il soit spontané: qu'il n'y ait pas besoin d'une concentration et d'une volonté, n'est-ce pas, qu'il soit spontané. Alors la transition pourra avoir lieu.
Il m'a été donné dans ma vie tant-tant d'expériences pour me prouver que tout est possible. Par exemple, à vingt-deux ans, une nuit, après une expérience que j'ai eue dans la nuit (je ne me souviens plus des détails de ce que c'était), mais à ce moment-là, on portait des robes qui touchaient le sol exactement, juste touchaient le sol sans s'appuyer (geste au ras du sol), et dans mon expérience de la nuit, j'étais devenue grande, et le matin, il y avait deux centimètres de différence entre la robe et le sol! C'est-à-dire que le corps avait grandi de deux centimètres avec L'expérience de la nuit. N'est-ce pas, dans l'expérience de la nuit, j'étais devenue grande (je ne me souviens plus des détails) et le matin... Ça, ce contrôle matériel m'a été donné pour beaucoup de choses comme cela, pour que je sois sûre, que le corps puisse être convaincu sans avoir besoin de répéter-répéter-répéter les expériences. Par conséquent, il sait, il sait qu'il n'y a pas d'«impossible», il sait qu'impossible, ça ne veut rien dire... Mais cela ne dépend pas d'une volonté individuelle, n'est-ce pas. Et la Conscience qui régit les choses, elle est merveilleuse de sagesse, de patience, de compassion, d'endurance. Quand il y a destruction ou désordre, c'est que c'est absolument inévitable, absolument – que la résistance de la matière dans l'individu ou dans les choses est tellement forte que cela amène tout naturellement le

 

désordre ou la destruction. Mais cela ne fait pas partie de l'Action, de l'Action suprême, qui est une merveille. Et le corps a compris cela; il a compris, il est patient. Seulement, de temps en temps... (comment dire?)... Il y a des gens que j'empêche de mourir – plusieurs. Je n'ai pas encore la conscience, le pouvoir conscient de les guérir, mais la possibilité est là et je la maintiens au-dessus d'eux; c'est-à-dire que ce n'est pas tout-puissant dans le sens que certaine réceptivité, certaine réponse, certaine attitude sont nécessaires, qui ne sont pas toujours là (les natures humaines sont très fluctuantes, il y a des hauts et des bas et des hauts et des bas, et cela rend le travail très difficile), mais alors, quelquefois, à des moments de bas, quand l'être souffre ou fléchit, il y a quelque chose dans la conscience (de Mère), une compassion... (comment expliquer cela?)... Tous ces mouvements, ce sont des mouvements de faiblesse, mais «ça», c'est quelque chose de très fort et de très doux en même temps, et presque comme un chagrin, et toute-toute la conscience qui est dans le corps va comme une prière et une aspiration, mais une prière: «Pourquoi les choses sont-elles encore dans cet état misérable, pourquoi? Pourquoi-pourquoi?» Instantanément, cela produit un effet (chez le malade). Malheureusement, l'effet n'est pas durable; il n'est pas durable parce que certaines conditions dans les autres sont encore nécessaires. Mais... c'est merveilleux, n'est-ce pas! C'est quelque chose de tellement merveilleux. Et alors cela fait comprendre la nécessité d'une présence de ce côté-ci, d'une présence qui est capable de sentir, de comprendre encore de l'autre manière, pour que la souffrance des autres... soit une réalité. Et ça aussi, c'est tenu en compte, et ça aussi, cela fait qu'il faut du temps, il faut de la patience. Et le corps le sait maintenant – il n'y a plus d'impatience; il y a seulement, de temps en temps, cette sorte de chagrin, surtout quand les êtres sont pleins d'aspiration, de bonne volonté, de foi, et que, malgré cela, il y a encore cette souffrance qui s'accroche. Ça, d'un côté, et de l'autre côté il y a une chose: il y a encore une sorte d'horreur et de réprobation pour les actes de cruauté, pour la cruauté, ça... Alors, il y a cette formidable Puissance – on sent, on sent qu'un rien, un simple petit mouvement, oh! ça produirait une catastrophe. Et alors il faut garder ça tranquille-tranquille-tranquille... pour que ce soit le mieux qui se passe, toujours.
Maintenant, la stupidité, l'imbécillité, l'ignorance, toutes ces choses-là, on les regarde avec une patience... qui attend que ça se développe. Mais la mauvaise volonté et la cruauté – surtout la méchanceté, la cruauté, ce qui aime à faire souffrir –, ça, c'est encore difficile, il faut encore se tenir. Alors, dans le langage imagé

 

(pas «langage»: la façon d'être), c'est Kâli qui veut frapper, et je suis obligée de lui dire: «Tiens-toi tranquille, tiens-toi tranquille.» Mais ça, c'est une transcription humaine. Tous ces dieux, tous ces êtres, c'est vrai, ça existe, mais... c'est une transcription. La vérité vraie est au-delà de tout cela. Voilà.
C'est le jour de Mahâsaraswati1... (Riant) elle a beaucoup bavardé2!
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