11 décembre 1968
(Mère lit le Message qu'elle a l'intention de donner pour l'année 1969.)
Pas de paroles: des actes.
No words – acts1.
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(À Sujata) Qu'est-ce que tu veux pour ta fête? Je veux m'offrir plus intégralement. Offrir, c'est toi – donner, c'est moi!
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(Puis Mère écoute la lecture d'un ancien Entretien du 22 juillet 1953.)
Comme ce sont des choses que je n'écrirais plus maintenant!... Mais enfin, elles sont vraies à leur niveau (geste par terre).
(silence)
L'expérience continue et devient de plus en plus consciente et presque pratique. Quand une personne vient, c'est comme si je voyais... presque comme si je pouvais mesurer la quantité de voiles qui empêche de voir et de sentir la Conscience suprême. Et c'est devenu vraiment intéressant: une personne est en face de moi, je la regarde, et alors je concentre-concentre-concentre jusqu'à ce que le contact avec la Conscience suprême soit établi, et je peux mesurer la réaction: il y en a, quand ils sont là, c'est très difficile d'obtenir
1. Il existe un enregistrement de ce Message. Le fragment qui suit n'a pas été conservé.

 

le contact; il y en a (et c'est tout à fait inattendu, cela n'a rien à voir avec ce que l'on pense, c'est extraordinaire, extraordinaire!), il y a des personnes, tout de suite, ça fait hop! comme ça (geste qui perce un voile) et le contact s'établit, et quelquefois des personnes tout à fait inattendues; il y en a d'autres qui font la sâdhanâ, qui sont tout à fait consacrés, qui... et il faut un labeur! C'est vraiment intéressant. Vraiment intéressant. Et alors, il y en a, quand le contact est établi, qui ne veulent plus bouger! (je doute qu'ils sachent ce que c'est, mais ils ne veulent plus bouger); il y en a, au contraire, ça commence à faire comme ça (geste trépidant), ils voudraient bien s'en aller! (Mère rit) C'est formidablement intéressant!
Je me souviens du temps où je parlais d'un «bain de Seigneur» que je donnais – ça me paraît tout à fait périmé, cette histoire-là, ce n'est pas ça! c'est... Le Seigneur est là, partout, toujours! (je dis «le Seigneur» pour ne pas faire de phrases, mais quelquefois je dis «Conscience suprême» pour être moins... comment dire?... enfantin, parce que tout cela, c'est enfantin, tout ce que l'on dit). Mais l'expérience devient de plus en plus merveilleuse.
Comme j'étais loin encore quand je disais cela! (cet Entretien de 1953) Comme j'étais loin... C'était une transcription mentale. Enfin, ça ne fait rien; les gens, ça les amuse. Ils comprennent cela; ils ne comprennent pas ce que je peux faire maintenant. Et puis...
Il reste encore l'habitude de dire «je», mais je crois que c'est parce que, autrement, cela deviendrait très difficile de parler. Mais je ne le pense pas, je ne sais pas ce qui est «je»; ce qui parle, c'est... c'est la conscience qui est particulièrement occupée du travail de ce corps. N'est-ce pas, ce corps est utilisé pour un travail, et il y a une Conscience qui est déléguée pour s'occuper particulièrement de ça – voilà en un peu plus exact, mais on ne peut pas toujours faire des phrases!
Mais comme c'est intéressant!... Il y a des fois, oh! ça devient si beau! et il y a des fois où c'est si pénible! il faut un tel labeur, et quelquefois (riant) avec les gens qui ont la plus belle réputation!... C'est vraiment intéressant. Moi-même, je suis étonnée.
(silence)
Dès que l'on parle, la conscience descend. Mais ce n'est pas nécessairement pour se faire comprendre, c'est parce que la conscience est trop subtile pour les mots dont on dispose.
(longue méditation)
Je ne sais pas si je pourrai jamais dire d'une façon expressive... mais pour le moment les mots sont de terribles voiles.

 

Le corps est quelque chose de très-très simple et très enfantin, et il a cette expérience d'une façon tellement imperative, n'est-ce pas, il n'a pas besoin de «chercher»: il n'a qu'à arrêter une minute son activité et... c'est là. Et alors, il se demande pourquoi les hommes n'ont pas su cela depuis le commencement? Il se demande: «Pourquoi-pourquoi ont-ils cherché toutes sortes de choses – les religions, les dieux, les... toutes sortes de choses –, et c'est si simple!» Si simple, c'est pour lui si simple, si évident.
Toutes ces constructions – les religions, les philosophies, les... toutes ces constructions –, c'est un besoin du mental pour... pour «jouer bien». Il veut jouer le jeu bien. L'autre est si simple, si simple, si évident! Si évident, si simple: «Pourquoi?» Il se demande «Pourquoi-pourquoi-pourquoi cherchaient-ils toutes sortes de complications et... c'est si simple.» Même le fait de dire que «le Divin est au-dedans de vous profondément»... (n'est-ce pas, il se souvient de sa propre expérience), c'est tellement compliqué quand c'est si simple!
Et il ne peut pas expliquer, peut pas dire, il n'y a pas de mots, mais il a une sorte de perception consciente de... (Mère fait une légère torsion du bout des doigts) ce qui déforme et voile. Et c'est cela qui a été rendu la réalité pour toutes les consciences humaines.
C'est difficile à dire.
Ça devient pour lui un fait si évident... Il se demande comment on peut penser autrement, comment on peut sentir autrement? c'est si évident.
(silence)
Tu ne peux pas savoir quelle impression cela m'a fait en écoutant! (cet ancien Entretien de 1953) J'ai eu l'impression que je retournais des vies en arrière!...
C'est utile.
C'est utile...
Mais les gens ont besoin de moyens pour établir le «contact», c'est cela, l'histoire!
Tant de choses inutiles dans ces moyens!
Eh bien, oui! parce que aussitôt les moyens les enferment.
Oui.
Oh! c'est surtout ce «MOI», cet énorme moi, chez tout le monde, qui vient – qui vient falsifier tout. Mais le corps commence à se

 

demander comment, comment on peut, comment?... Ce n'est pas une pensée, c'est une espèce de sensation, je ne sais pas, de perception (le langage est au-dessous de sa conscience; il dit «je» par habitude; peut-être par besoin de se faire comprendre, mais surtout par habitude), et le je...? II est tellement conscient qu'il y a un Je (geste en haut, un doigt en l'air).
(Mère sourit, hoche la tête et reste silencieuse)
Bien. Il faut attendre – patience-patience – que tout soit prêt1.
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