18 janvier 1969
(À propos de la «descente de la conscience du surhomme».)
Oh! t'ai-je raconté, l'autre jour, quand le sadhou (jaïn) est venu, dès qu'il est entré (il s'est tenu debout, là), cette atmosphère est venue d'ici jusque là (Mère fait un geste semi circulaire devant elle), m'a entourée comme d'un mur. C'était épais, c'était lumineux, et puis c'était d'une force! Et alors, c'était tout dirigé sur lui (geste de projection en avant). Pour moi, c'était visible, c'était très matériel, comme un rempart, à peu près de cette épaisseur-là (environ quarante centimètres), et puis c'est resté là tout le temps qu'il était là. Et c'était comme pour le tenir tranquille! (Mère rit) C'était très amusant.
Alors elle est très consciemment active.
(silence
Mère donne des fleurs)
Tiens, ça c'est pour toi.
Tu vois (Mère montre deux hibiscus), ce n'est pas la même chose: ça, c'est la «Grâce», et ça, c'est la «conscience supramentale» – nous avons la fleur avant d'avoir la conscience!
(silence)
J'ai vu aujourd'hui le «lieutenant gouverneur» de Pondichéry (il vient de temps en temps, tous les quinze jours), et puis d'autres gens (un gardien d'Auroville, qui est musulman), il y a un peu de tout, et maintenant, cette atmosphère vient: l'autre jour, je t'ai dit que c'était comme un rempart, mais aujourd'hui avec le gouverneur, c'était beaucoup plus petit, à dimension réduite (geste comme un faisceau), mais c'était là, intact; c'était la même, seulement la concentration était moindre. Et ça vient entre l'Action (Mère désigne son propre corps) et la personne. C'est comme une projection de pouvoir. Et c'est devenu habituel maintenant.
Il y a là-dedans une conscience (une chose très précieuse) qui donne des leçons au corps, lui apprend ce qu'il doit faire, c'est-à-dire l'attitude qu'il doit avoir, la réaction qu'il doit avoir... Je t'avais dit plusieurs fois déjà que c'est très difficile de trouver le procédé de la transformation quand on n'a personne pour vous donner des

 

indications; et c'est comme si c'était la réponse: il1 vient dire au corps: «Prends cette attitude, fais ceci, fais cela comme cela.» Et alors le corps est content, il est tout à fait rassuré, il ne peut plus se tromper. C'est très intéressant.
C'est venu comme un «mentor» – pratique, tout à fait pratique: «Ça, il faut le repousser; ça, il faut l'accepter; ça, il faut le généraliser; ça...», tous les mouvements intérieurs. Et même, ça, devient très matériel, dans le sens que, pour certaines vibrations, il dit: «Ça, c'est à encourager»; certaines vibrations: «Ça, c'est à canaliser»; certaines: «Ça, c'est à supprimer...» Des petites indications comme cela.
(silence)
Dans l'un des anciens Entretiens, il y a des années, j'avais dit (quand je parlais là-bas au Terrain de Jeu), j'avais dit: «Sans doute, le surhomme sera d'abord un être de puissance pour qu'il puisse se défendre. C'est cela, c'est cette expérience-là. C'est revenu comme expérience. Et c'est parce que c'est revenu comme expérience que je me suis souvenue de l'avoir dit2.
Oui, tu as dit: «C'est d'abord le Pouvoir qui viendra.»
Oui, d'abord le Pouvoir.
Parce que ces êtres-là auront besoin d'être protégés.
Oui, c'est cela. Eh bien, j'ai d'abord eu l'expérience pour ce corps: c'est venu comme un rempart, et c'était formidable! C'était un pouvoir formidable! Tout à fait disproportionné avec l'action apparente.
1. Pour désigner cette conscience, Mère se sert parfois de «il».
2. «Il semblerait que l'aspect le plus concluant, évident, et qui probablement sera le premier à se manifester (probablement), sera l'aspect de Pouvoir plus que l'aspect de Joie et l'aspect de Vérité. Pour qu'une race nouvelle puisse s'établir sur la Terre, il faudrait nécessairement qu'elle soit protégée des autres éléments terrestres pour pouvoir survivre, et le pouvoir, c'est la protection (non pas un pouvoir artificiel, extérieur et faux, mais la Puissance véritable, la Volonté victorieuse). Il n'est donc pas impossible de penser que l'action supramentale, avant même d'être une action d'harmonisation, d'illumination, de joie, de beauté, soit une action de pouvoir, pour servir de protection. Naturellement, pour que cette action de pouvoir soit vraiment efficace, il faudrait qu'elle se fonde sur la Connaissance et la Vérité et l'Amour et l'Harmonie; mais ces choses pourraient se manifester – visiblement, petit à petit – lorsque, pour ainsi dire, le terrain aura été préparé par l'action d'une volonté et d'un pouvoir souverains.» (Entretien du 18 décembre 1957)

 

C'est très intéressant.
Et c'est pour cela aussi (maintenant que je vois cette expérience), je vois que le résultat est beaucoup plus précis, concret, parce que le mental et le vital ne sont pas là. Parce que ça prend leur place. Et avec toute cette tranquille assurance de savoir qui vient en même temps. C'est intéressant.
(silence)
Tu as quelque chose à dire?
Je me demandais comment, individuellement, cette conscience agira, en dehors de toi par exemple?
De la même manière. Seulement ceux qui ne sont pas habitués à s'observer d'une façon objective, s'en apercevront moins, voilà tout. Ça passera comme à travers du coton, comme ça passe toujours. Mais autrement, c'est de la même façon.
Je veux dire: ce n'est pas tellement sur le mental que cette conscience agira, que sur les corps?
J'ai bon espoir que ça fera PENSER correctement.
Au fond, c'est un guide.
Oui, c'est un guide.
C'est une conscience, n'est-ce pas.
Pour moi, la Conscience se limite à des activités spéciales, pour les cas spéciaux, mais c'est toujours la Conscience; de même qu'elle est limitée à presque rien dans la conscience humaine, de même, dans certains états d'être, dans certaines activités, elle se limite à une certaine manière d'être pour accomplir Son action; et ça, je l'avais beaucoup demandé: «Si je pouvais être guidée à chaque minute», parce que ça gagne un temps énorme, n'est-ce pas, au Heu d'avoir à étudier, à observer, à...: on sait. Eh bien, maintenant, je m'aperçois que c'est arrivé comme cela.
(silence)
Il y a un changement très marqué dans ceux qui ont été touchés le premier janvier: c'est surtout... justement une précision et une certitude qui sont entrées dans leur manière de penser.

 

(avant de partir, le disciple pose son front sur les genoux de Mère)
Oh! le temps est court...
Tu n'as rien à demander? Rien à dire?
C'était là (Mère regarde dans la région du cœur). C'est curieux, c'est comme si j'étais chargée de le mettre en rapport avec tous ceux qui s'approchent de moi1.
*
* *
(Après le départ du disciple, Mère dit quelques mots à Sujata.)
Depuis que c'est là, je vois plus clairement les yeux des gens – autrefois aussi, je voyais les yeux, mais c'était l'état psychologique, tandis que maintenant, je vois l'expression des yeux, et c'est tellement intéressant!
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