21 février 1970
(Mère a quatre-vingt-douze ans. L'entrevue a lieu après la méditation collective. Mère regarde longuement le disciple avec une indicible expression avant de se mettre à parler.)
Le corps a reçu un cadeau ce matin... Ce matin, vraiment le Seigneur Suprême lui a appris à être à Lui entièrement, et c'était si merveilleux!... Pendant toute la nuit – toute la nuit, toute la matinée –, c'était comme s'il y avait une démonstration absolument concrète de comment être à Lui parfaitement... Jamais-jamais le corps n'avait senti comme cela. Naturellement, il est tout à fait conscient de ce qui, encore, «grince» – c'est d'ailleurs pour cela qu'il y a les vestiges (ce sont seulement les vestiges) de cette fameuse attaque2, mais...
L'expérience absolument concrète, pour le corps, il l'a eue toute la matinée, et la conclusion a été pendant la méditation.
C'est un peu difficile à définir – les mots diminuent beaucoup. Ça ressemble à ce que nous appelons la «paix», mais c'est lumineux, avec une impression tellement... (comment?) bien-aise, bien-être... quelque chose... Ce n'est pas tourné comme cela (geste vers soi), c'est tourné comme ça (geste vers le dehors), et alors c'est ce qui fait que c'est si difficile à expliquer. Ce n'est pas dans le corps, en lui-même qu'il trouve son bien-être, c'est un bien-être... (geste
1. Mère confond peut-être avec l'épidémie du Japon, au cours de laquelle elle a failli mourir, en janvier 1919, tandis que cette fièvre attrapée lors du «poudja des armes» remonte à 1931.
2. Mère tousse encore un peu.

 

dans toutes les directions), une sorte de bien-être rayonnant et si... oui, quelque chose qui ressemble à une certitude – il n'y a plus de... «anxiété» est tout à fait hors de question («question» est tout à fait hors de question!...) mais c'est... c'est plus ce que nous appelons positivement bien-être et certitude. C'est quelque chose d'indicible. C'est tellement vaste (c'est cela: dans le corps), tellement vaste... Vraiment, c'était comme une offrande pour aujourd'hui.
L'attaque hier toute la journée était très forte, comme pour voir si le corps tiendrait le coup. Mais il a gardé sa confiance et sa calme certitude (ça, il l'avait toute la journée), et puis c'est devenu quelque chose... c'était cela, mais... C'est difficile à expliquer.
Tu as senti quelque chose, non1?
Oui!
C'était comme la queue de la méditation.
(silence)
Hier, c'était vraiment comme une épreuve pour voir si le corps tiendrait le coup, s'il était capable de sortir de lui-même – il a été convenable (surtout la nuit, c'était bien).
C'est tellement... Tous les mots sont tout petits.
Extraordinaire!... (Riant) Vraiment, on lui a fait un cadeau2!
*
* *
(Ce jour-là, Mère a donné la réponse suivante à une question qui lui était posée par l'une des associations de l'Ashram:)
Quel est le grand changement auquel le monde se prépare? Comment peut-on l'aider?
Un changement de conscience. Et quand notre conscience changera, nous saurons ce qu'est le changement.
Le changement n'a pas besoin de notre aide pour venir, mais nous avons besoin de nous ouvrir à la conscience afin qu'elle ne vienne pas en vain pour nous.
1. Au début, pendant que Mère regardait le disciple.
2. II existe un enregistrement de cette conversation.

 

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