21 août 1971

Tu as quelque chose à demander?

Je me demande beaucoup ce qui aurait un pouvoir sur le mental physique.

Comment cela?

Par exemple, le mantra, tu l’engrènes et il se répète pendant un certain temps, et puis hop! après, ça part en tangente et on engrène autre chose. Je n’arrive pas à une espèce de constance. Ou simplement c’est par le mental que je dois re-forcer le mouvement. C’est en appliquant le mental.

(après un silence)

Je ne sais pas, pour moi, ça vient spontanément. Il y a des moments où c’est très intense, très en avant (cela dépend des circonstances, beaucoup, ou des gens qui sont là); il y a des moments où c’est... comme quelque chose de très vaste – très vaste – et très tranquille (Mère étend ses bras dans un grand Rythme). Quand ça, c’est là... les circonstances n’ont pas d’importance, les gens n’ont pas d’importance, tout est... tout est calmement divin. Il y a des moments où ça devient puissant et actif: cela dépend des gens, des circonstances, ou de quelque chose qui arrive quelque part, et je sais après.

Je ne sais pas, je ne peux pas dire... Le Divin semble être «associé» étroitement à tout-tout, toute la conscience du physique, au point qu’il semble que ce physique ne pourrait pas avoir de support, ne pourrait pas avoir de continuité si ce n’était pas comme cela. Alors je ne peux pas dire.

En fait, je ne me rends pas du tout compte de l’état dans lequel je suis, j’ai simplement l’impression d’une attente de quelque chose.

(Mère approuve vivement) Ah! ça, je crois.

(silence)

Mais j’ai des activités la nuit maintenant, tout à fait nouvelles, comme je n’en avais pas, qui sont extrêmement concrètes et où sont mélangés les gens vivants et ceux dont on dit qu’ils sont morts – et ils sont les MÊMES, ils sont les mêmes là[1]. Par exemple, cette nuit, il y a eu une très longue activité où il y avait beaucoup de gens, et parmi ces gens, il y avait Pourani (je le vois très souvent), Pourani qui avait un rôle prépondérant, et M et... (comment s’appelle-t-il?) D – D et M se disputaient[2]! (rires) Et une chose... une chose... Et j’étais comme eux, avec un costume bizarre.

Je suis en train de découvrir un monde que je ne connaissais pas, qui est le monde... je ne sais pas si c’est le vital physique? Il y avait des danses, des mouvements... C’est-à-dire, pour le dire d’une façon ordinaire: j’ai des rêves comme je n’en avais jamais; mais ce ne sont pas des «rêves»: c’est une activité. C’est un monde que j’ignorais tout à fait et qui est comme cela (Mère entrelace ses doigts pour montrer une sorte d’interfusion du physique et de ce monde-là). Il y a beaucoup-beaucoup de choses à apprendre.

Oui!

(silence)

Seuls les gens qui ont un corps physique ont le genre de réactions – plaisir, déplaisir – que l’on a dans la vie physique. Les autres ne l’ont plus. Ça paraît disparaître avec la conscience purement physique.

(silence)

J’ai de plus en plus l’impression qu’on ne sait rien. Voilà. Qu’il y a une variété infinie de choses, et qu’on ne sait rien.

Mais la nuit, je me plains souvent parce que j’ai l’impression, à partir de deux heures ou trois heures du matin, d’avoir une quantité d’activités qui me semblent complètement idiotes, avec toutes sortes de choses ou de gens ou...

C’est ça.

Et ça me paraît idiot, tu comprends, dénué de sens, et fatigant par-dessus le marché. Qu’est-ce que c’est? Je n’en sais rien du tout.

C’est peut-être ça. C’est peut-être ce monde-là.

Qu’est-ce qu’on fabrique là-dedans!

(silence)

Pour notre conscience physique, c’est idiot[3].

Oui, ça a l’air idiot.

C’était cela justement que j’avais cette nuit. Et c’était tout à fait naturel et... sans réaction[4].

Je crois que c’est le mental qui donne un sens aux choses, et que sans mental les choses sont, sans qu’on leur donne un sens – elles sont parce qu’elles sont. Et alors, pour nous, pour la conscience telle qu’elle est développée ici, c’est tout à fait imbécile. Et là, ça paraît tout à fait naturel.

Ce doit être cela qui fait que les gens «déménagent». S’ils n’ont pas dedans ce qu’on pourrait appeler le «support divin», une espèce de foi inébranlable en la Vérité et la Grâce divine, si on n’a pas cela...

(Mère plonge jusqu’à la fin)

C’est un moment à passer. Il faut aller... go through[5] [traverser].

@

[1]. Mère veut dire que les «vivants» et les «morts» sont pareils.

[2]. Pourani est décédé en décembre 1965, M et D sont «vivants».

[3]. Mais que signifierait, pour quelqu’un de l’autre côté, un homme qui ouvre un robinet et qui se brosse les dents?

[4]. Plaisir, déplaisir.

[5]. Il existe un enregistrement de cette conversation.

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