23 janvier 1971

(Mère reçoit le disciple à l’occasion de la traduction anglaise des dernières «Notes sur le Chemin» pour le prochain Bulletin. Après le travail:)

Douce Mère, je pensais à l’Agenda...

? ...

Tu comprends: si je ne te vois pas, l’Agenda est vide.

L’agenda? Quel agenda?

L’Agenda, ce sont toutes les notes du travail de transformation.

Ah!... Il y en a eu, mais... Si ce n’est pas pour publication, il y a... c’est formidable ce qu’il y a eu. Mais ce n’est pas pour publication.

Mais ça reste seulement avec moi.

Je me souviens avoir dit certaines choses à R – si elle a une bonne mémoire, je ne sais pas?... N’est-ce pas, elle est arrivée à un moment où la chose venait de se passer, alors je l’ai dite. Mais je ne lui ai pas demandé de le noter et je ne sais pas ce qu’elle a fait.

Mais s’il doit y avoir une continuité dans la notation de tout ce travail, il faudrait que tu puisses me voir de temps en temps.

Oui, mon petit, ça, très volontiers! Seulement, tu comprends, je ne t’appelais pas parce que je ne parlais pas. Je ne disais rien. Ma seule capacité de contrôle était le silence... Maintenant, c’est fini. La jambe me fait encore mal, mais c’est tout à fait tolerable.

Il faut que je te voie... Seulement j’hésitais à te dire de venir parce qu’il y a des jours où... (geste d’intériorisation[1]).

Mais, douce Mère, cela ne fait rien, ça n’a aucune importance!

Des jours où je ne dis rien du tout.

Oui, douce Mère, mais je serais là simplement à ta disposition.

Bien, mon petit.

On peut rester à ne rien dire, et puis si tu as envie de dire, tu dis.

Bon, c’est bien... À cette heure-ci. Eh bien, nous reprenons les jours – ou bien tu veux plus souvent? Ce peut être plus souvent.

C’est comme tu veux, douce Mère; autrefois, je te voyais mercredi et samedi.

Oui, mais est-ce que tu voudrais trois fois ou...

Non-non, douce Mère!c’est comme tu veux; c’est comme c’est le mieux.

Moi, je ne sais pas... C’est tout à fait étrange, tout ce sens d’organisation, c’est pour moi... (geste de dissolution). Je pourrais dire tout d’un coup: «Tiens, si Satprem était ici...» Tu comprends? C’est plutôt comme cela, mais ce n’est pas commode.

Mais tu pourrais me faire appeler, je viendrai tout de suite.

Oui, mais tu peux être occupé.

Non-non, il n’y a rien de plus important!

Écoute, nous gardons ces jours habituels, le mercredi et le samedi, et puis, si, un jour, j’ai quelque chose à te dire, je t’enverrai un mot ou je te ferai appeler.

Oui, à n’importe quel moment je viens, c’est très facile.

C’est bien... Je ne sais pas, tout le «planning», «organising», tout cela, parti.

Tout d’un coup, il y a quelque chose qui se présente – là, oui... Si je pouvais écrire... Seulement je ne peux pas.

Eh bien, tu me fais appeler.

Oui, c’est cela. Ce serait toujours environ à la même heure. Et puis mercredi et samedi, tu viens régulièrement.

(le disciple se retire et Sujata s’approche de Mère)

Douce Mère, j’ai quelque chose pour toi.

Qu’est-ce que c’est?

Nous avons fait une promenade hier et on a trouvé ça sur la rive. C’est de la nacre, douce Mère.

Bah!... c’est joli. Oh! comme c’est joli... Ce devait être tout un coquillage.

C’est pour toi, douce Mère.

Mon petit, je n’ai pas de place pour garder les choses, il vaut mieux que vous le gardiez... Je n’ai pas de place (se tournant vers la chambre), tout cela est devenu un chaos. Il vaut mieux que vous le gardiez.

Oui, douce Mère.

J’ai l’impression d’avoir une personne fluide qui ne tient pas de place et qui ne peut rien garder! (Mère rit) C’est comme cela. Quand les choses viennent à moi, elles viennent toujours pour pouvoir les diriger vers la vraie place – que chaque chose ait sa place. Moi, je suis... simplement l’endroit de direction (geste dans toutes les directions): ça là, ça là, ça là... Comme ce serait beau si c’était comme je le vois! oh!...

@

[1]. En effet, Mère passe une grande partie de son temps en contemplation profonde depuis ce dernier «accident».

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