12 août 1972

Tu n’as rien à demander?

Il y a du nouveau?

Oh! c’est toujours nouveau.

Toi, qu’est-ce que tu as de nouveau?

Rien, douce Mère, je me plains un peu de l’absence de conscience de mes nuits... Je me demande ce que je fabrique la nuit?

(après un silence)

Est-ce que quelqu’un voit Pavitra la nuit?

(Sujata:) Moi, je le vois presque toutes les nuits.

Ah! tu le vois... Moi, je le vois comme quand il était ici, et il fait des choses – une vie tout à fait consciente et active. Cette nuit, il parlait à des gens, il a fait des réunions, il était d’une activité extraordinaire.

Et mélangé à des gens qui avaient un corps physique et qui, eux, dormaient, n’est-ce pas, qui étaient sortis de leur corps. Et il était si conscient! Jamais je n’ai vu quelqu’un si... je pourrais dire matériellement conscient. Comme s’il faisait son travail. Mais c’est surtout voir des gens, leur parler, les réunir...

Tu sais que quand il est mort, au moment de la mort, il est entré en moi[1]?... J’ai eu bien soin qu’il ne se mélange pas (à Mère): je l’ai gardé comme cela (geste en forme). Mais quand il s’est remis du choc, il est tout naturellement sorti et il a commencé à travailler. Je le vois presque toutes les nuits.

Je n’ai jamais vu quelqu’un qui soit resté aussi semblable à lui-même. C’est vraiment remarquable.

(Mère plonge)

(Sujata:) Mais, douce Mère, alors comment faire pour éliminer le chagrin?... Je le vois, n’est-ce pas, très souvent la nuit, presque toutes les nuits, mais encore j’ai du chagrin de ne pas le voir avec mes yeux physiques, matériels... Comment faire, douce Mère[2]?

(Mère sourit) Tu le vois, mais vous n’avez pas de contact?

Nous travaillons ensemble, douce Mère, comme il était autrefois.

Alors? Alors?

Oui, Mère, mais quand je suis éveillée comme je suis maintenant, alors...

(Mère rit) Ça veut dire que tu es encore très jeune!

Non, douce Mère!

Mais si.

Pour mon frère aîné aussi, n’est-ce pas, il restait loin, je ne le voyais pas, mais maintenant qu’il est parti, je sais que je ne le reverrai jamais sous la même forme, on a du chagrin, beaucoup, douce Mère. Mais comment faire?

Tiens, c’est curieux!

Je ne sais pas, c’est comme une douleur dans le cœur, douce Mère. Je n’arrive pas à l’éliminer, tu comprends. Je ne sais pas quoi faire?

Il faut aller plus profond. Tu es peinée parce que tu es dans une conscience très superficielle – il faut aller plus profond, dans une conscience plus profonde.

Dans l’état de veille? Quand je suis éveillée comme cela?

Oui, ah! oui, c’est quand tu es réveillée qu’il faut tâcher de trouver ta conscience psychique.

Si tu es en connexion avec ta conscience psychique, il n’y a plus de chagrin.

(silence)

C’est que tu es encore très jeune! (rires) Quel âge as-tu?

J’ai 46 ans, douce Mère.

Tu as une conscience de 25 ans.

(Satprem proteste:) Non, dix-huit.

Ça ne fait rien! ça ne fait rien[3]...

@

[1]. Voir Agenda X du 17 mai 1969.

[2]. Rappelons que Sujata a été la secrétaire de Pavitra pendant treize ans, de 1949 à 1962.

[3]. Il existe un enregistrement de cette conversation.

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