5 août 1972

Comme on sait que je ne mange plus, on ne m’envoie plus rien.

J’ai ce qu’il faut!

Mais je ne l’ai pas dit! Je ne sais pas comment ça s’est su.

J’ai tout ce qu’il faut, douce Mère!

Vraiment?... Je ne veux pas que tu deviennes maigre! (rires) Il y a des choses intéressantes...

(silence)

Toi, qu’est-ce que tu as à dire?

Non, Mère, rien, mais quelles sont ces choses intéressantes?

(après un long silence souriant)

Je vois des choses, je vois des circonstances, je vois des arrangements de volontés... Je vois des choses qui viennent comme cela (geste comme sur un écran), que je vois très puissamment, clairement. Et alors en même temps, il vient: c’est comme cela que ce sera avec le Supramental.

Mais c’est difficile à dire.

Il n’y a rien que l’on puisse dire – c’est un ÉTAT de conscience. C’est un état de conscience, et avec la connaissance que cet état de conscience appartiendra au Supramental.

Mais c’est dans un silence TRÈS profond. Alors je ne peux pas exprimer.

(long silence Mère touche ses mains)

C’est comme des vibrations qui sortent des mains comme cela (geste). J’ai des mains qui semblent si puissantes! Elles ont l’impression qu’elles peuvent changer les choses... comme ça (Mère ferme sa main).

Mais j’aimerais mieux que tu poses des questions, ou bien que tu me dises quelque chose. Autrement... autrement j’entre tout de suite dans cet état qui est vaste-vaste... paisible... et si puissant – où les choses se font.

C’est comme cela qu’elles se font.

Mais il n’y a pas de mots ni de phrases – rien qui soit satisfaisant pour le mental.

(silence)

Tu n’as rien à dire?

J’en suis encore à chercher la clef pour faire entrer ce Pouvoir que je sens, cette Force, cette Vérité, la faire entrer dans l’activité matérielle. Je trouve cela difficile... Pourtant, si j’arrête d’être actif, tout de suite le contact est là, et c’est puissant, c’est VRAI mais dès que je rentre dans l’activité matérielle, ça passe derrière.

Aah!...

Moi, je ne suis pas dans l’activité.

N’est-ce pas, la matière sent cela comme quelque chose qui lui est imposé: ça ne vient pas du dedans – ça ne lui est pas naturel (enfin pour moi).

Mais moi, j’ai maintenant le sentiment contraire! il semble que le corps et la matière (la matière sous mon contrôle), REFUSENT d’obéir à quoi que ce soit d’autre que Ça.

Tiens, je te donnerai un exemple: je vois presque... presque aussi bien (mais c’est un «presque» qui quelquefois n’est plus presque, tu comprends: c’est la dernière limite du presque) avec les yeux fermés qu’avec les yeux ouverts. Voir: voir (Mère touche ses yeux physiques). J’écris: quand j’ai une difficulté, au lieu d’écarquiller les yeux, je les ferme. Et alors... je vois.

Et c’est tout comme cela, toutes les sensations. Pour avaler, si j’essaye d’avaler à la manière ordinaire, c’est comme si j’étranglais, et alors quand je suis dans un certain état... je m’aperçois que j’ai avalé tout sans même m’en apercevoir! Et tout est comme cela.

Alors... j’ai l’air d’une impuissance totale, et je sens un pouvoir formidable[1].

(Mère plonge pendant 40 minutes, puis ouvre les yeux)

It can go on for hours... [ça peut continuer des heures].

@

[1]. Il existe un enregistrement de cette conversation.

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