24 juin 1972

(Mère n’était pas bien portante ces jours derniers. Elle écoute la lecture de la conversation du 6 mai 1972 pour le prochain Bulletin: «Une force dorée qui appuie sur la terre... Une puissance absolument matérielle, mais qui n’a pas besoin des moyens matériels... Un monde qui veut s’incarner dans le monde.»)

C’est très bien ce que tu as écrit, c’est beaucoup mieux que ce que j’ai dit!

(Le disciple, un peu estomaqué:) Mais c’est la notation exacte de ce que tu as dit, douce Mère!!

(Mère rit sans avoir l’air convaincue)

Comme ça, c’est devenu très bien.

Mais c’est exactement ce que tu as dit! J’ai mis des points et des virgules, c’est tout [rires], et des paragraphes. Mais c’est tout!

Et c’est mon expérience de plus en plus claire, de plus en plus précise.

(silence
Satprem offre une fleur à Mère:
«Lumière supramentale dans le subconscient».
Mère la garde près d’elle)

Tu veux me demander quelque chose?

Je crois que Sujata avait quelque chose à te demander.

Bon.

(Sujata:) Douce Mère, l’autre jour tu m’as dit que pour ceux qui se sont donnés sincèrement au Divin, pour une telle personne ce qui doit être fait est fait.

Oui, oui.

Et puis tu as continué: «Si une telle personne demande quelque chose pour quelqu’un d’autre, cela aussi est fait.»

Oui, mais pas aussi totalement.

Ce qui n’est pas réceptif dans la personne déforme l’Action.

Par exemple, prends quelqu’un qui est malade et qui CROIT en la réalité de sa maladie; dans la mesure de sa mauvaise croyance, ça diminue l’effet de l’Action.

C’est difficile à expliquer.

Alors qu’est-ce que tu voulais demander?

(Avec un sourire espiègle:) Moi, je voulais savoir, douce Mère, si moi, par exemple, je prie Sri Aurobindo «que Douce Mère se porte bien», est-ce que ça t’aide?

Mais Mère se porte bien!

Par exemple, hier après-midi, j’ai vomi – je n’étais pas malade. Je ne sais pas comment expliquer... C’était la manière de prendre qui devait changer. N’est-ce pas, c’était pour me faire comprendre l’attitude dans laquelle il fallait que je prenne les choses. Et alors je n’étais pas malade: c’était COMME si j’étais malade, mais c’était pour me faire comprendre l’attitude dans laquelle il fallait que je mange. C’était comme une leçon – j’ai compris. Si je n’avais pas vomi, je n’aurais pas fait attention. C’est très compliqué, mon petit!

Alors les gens qui sont autour de moi doivent être d’une certaine manière à mon égard, prendre certaines précautions; eh bien, il faut qu’ils pensent, ils croient certaines choses pour faire comme cela, autrement ils ne le feraient pas. Et alors tout naturellement, c’est comme cela. (Se tournant vers Satprem) Je ne sais pas si tu comprends?

Oui, je comprends.

Jusque dans le moindre détail, tout est organisé – ce n’est pas prévu comme nous prévoyons dans notre conscience ordinaire: c’est la Force qui presse et qui produit le résultat voulu. Je pourrais presque dire: par n’importe quel moyen – tout moyen nécessaire. C’est une Force qui presse sur la terre et qui fait faire les choses les plus invraisemblables aux hommes, celles qui ont l’air d’être les pires comme les meilleurs, mais pour... pour que le résultat soit obtenu.

Ça, c’est de plus en plus.

Toutes nos notions de bien et de mal...

Il faut que nous gardions notre réaction aux choses, notre réaction justement en suivant le «bien» et le «mal», la conception humaine de bien et de mal (une «conception»: ce n’est pas tout à fait humain; c’est la traduction de l’Harmonie)...

(Mère plonge et revient en faisant un geste
comme si des ondes passaient par le bout de ses doigts)

Des vibrations... des vibrations qui transmettent le Divin sans le déformer. C’est ça. C’est cela qu’il faut. Et alors, suivant les circonstances et les gens, ça prend une forme ou une autre – tu comprends?

Oui, douce Mère, je comprends.

N’est-ce pas, tout ce que nous disons, nous le disons avec nos vieilles manières de dire.

(silence)

L’Action est évidente... Et c’est l’autorité de l’ego qui disparaît – et qui disparaît de plus en plus. Et une acceptation totale, même qui n’a pas besoin de comprendre, n’est-ce pas; toujours nous voulons comprendre avec la vieille manière mentale – il n’y a PAS BESOIN de comprendre. Une acceptation comme ça (geste mains ouvertes).

Et sous la Pression, les vieilles traces de l’autorité – les traces, les vieilles traces de l’autorité de l’ego doivent disparaître et être remplacées par ça (même geste mains ouvertes): une réceptivité et une obéissance (pas «obéissance» parce que ça n’a pas besoin de comprendre): être entièrement mû par le Divin. À la place de l’ego, c’est ça. Les vieilles traces de l’ego qui s’en va et... (geste mains ouvertes) et qui est remplacé par... (même geste).

J’ai tout le temps (peut-être cinquante fois par jour), l’impression d’être un petit bébé (geste battant des mains et des jambes), tout enveloppé et ballotté par les forces divines! (rires) Comme cela.

Il y a encore... Ce n’est pas complètement transparent, n’est-ce pas, il y a encore les vieilles choses, les vieilles dominations de l’ego dans le corps qui produisent des grincements, des frottements, autrement... autrement comme un bébé!

Comme un bébé[1].

@

[1]. Il existe un enregistrement de cette conversation.

Hosted by uCoz